Perché à 1900 mètres d'altitude, en plein cœur de la majestueuse chaîne montagneuse du Djurdjura, le pic d'Azrou N'Thour (le rocher du zénith), commune d'Illilten, 80 km au sud-est de Tizi Ouzou, a accueilli, durant les trois derniers week-ends de ce mois de juillet, des dizaines de milliers de pèlerins et de visiteurs. Les trois villages de la commune, Aït Adella, Zoubga et Takhlidjth n'Aït Atsou, n'ont pas failli à la tradition. Une tradition qui consiste à organiser à tour de rôle des rites, des visites et des offrandes au mausolée d'Azrou N'thour, durant trois vendredis successifs de chaque année en juillet ou en août. Elle est perpétuée depuis la nuit des temps dans cette région de la haute Kabylie. Vendredi dernier, c'était au tour du village Aït Adella d'organiser la manifestation. La dernière de cette année, après celles des deux derniers week-ends. Une marée humaine, depuis les premières lueurs du jour, s'est emparée du haut lieu de villégiature. Les routes et les sentiers sinueux qui y mènent sont devenus noirs de visiteuses et de visiteurs de tous âges. Le tout dans une ambiance de grande fête et de convivialité. Les foules proviennent des quatre coins de la Kabylie pour converger via le col Tirourda à Azrou N'Thour, lieu de pèlerinage. En bus, en voiture, sur des camions et des tracteurs, à dos de baudet et même à pied... Tous les moyens sont bons pour se recueillir sur le saint et ne pas rater ce rendez-vous, en dépit d'une journée caniculaire. Les villageois d'Aït Adella étaient aussi au rendez-vous et à l'accueil des «pèlerins». En l'absence des autorités, c'est eux qui assurent tout, y compris la sécurité. «Tous les villageois sont mobilisés pour organiser cet évènement, canaliser les grandes foules et assurer le bon déroulement de l'évènement. Nous assurons même l'organisation, en dépit des moyens matériels très limités dont nous disposons», nous dira un organisateur. «Je ne peux rater un évènement pareil. Je réside en Allemagne et je viens ici chaque année pour me ressourcer. C'est un endroit unique, malheureusement les infrastructures d'accueil et de tourisme font largement défaut. Ce n'est pas normal qu'un tel endroit ne soit pas doté d'hôtel ou d'auberge», regrette une visiteuse originaire de la région. Une fois sur place, le mausolée d'Azrou N'thour offre une vue pittoresque sur l'ensemble des montagnes de la haute Kabylie, vers le nord et Béjaïa et au sud de Bouira. Une vue panoramique qui épate plus d'un, surtout ceux qui s'y rendent pour la première fois. Certains récitent collectivement des poèmes, d'autres allument des bougies et font des vœux, d'autres se contentent d'admirer les lieux en prenant des photos souvenir. Les vieilles implorent Dieu et demandent sa bénédiction. «Je viens ici chaque année avec d'autres membres de ma famille. C'est un rendez-vous qu'on ne peut guère rater. Voyez toute cette beauté qui hypnotise et subjugue à la fois. Celui qui visite une fois cet endroit revient chaque année», nous déclare Nourdine, un collégien de la commune d'Akbil, accompagné de son ami Chérif. Toute la journée les visiteurs arrivent et d'autres partent. Les lieux ne se vident que vers le crépuscule. Les villageois de Zoubga, Aït Adella et Aït Atsou donnent rendez-vous à l'année prochaine.