Sur les cimes, la robe kabyle, classique, le hidjab, le décolleté, le collant, le pantacourt et le jean se côtoient sans encombre. Les clivages idéologiques cèdent la place à l'émerveillement. Quelle que soit la classe ou la tenue, on s'émerveille comme le vieillard, ou l'enfant comme des êtres faibles devant l'immensité des lieux et la beauté de la nature. «C'est vraiment beau, le paysage est fabuleux » s'émerveille Sylvie Nordmane, une Parisienne qui vient, pour la première fois en Algérie, spécialement assister à la fête de Azrou n'Thour, une montagne de Kabylie. «Je programme mes vacances par rapport à cette fête» indique Nait Saâda Mohand Ouali membre de l'Association des taxis kabyle de Paris (ATKP).» D'ailleurs, aujourd'hui j'ai raté la fête de mon meilleur ami, tant pis pour lui qui a programmé son mariage le même jour de l'Assensu» a ajouté Mohand Ouali. 1884 mètres d'altitude, à une vingtaine de kilomètres de Aïn el Hammam et puis monter, toujours monter suivant une trajectoire hélicoïdale jusqu'au col de Tirourda, et quitter la route nationale qui mène vers Bouira et Tazmalt pour parvenir au point culminant de Azrou n'Thour. A quelques différences près, ce lieu est la copie revue et corrigée de l'Askrem de Tamanrasset (Hoggar). Le week-end passé, le sanctuaire d'Azrou n'Thour a connu une animation très particulière. Des dizaines de milliers de personnes venues des quatre coins du pays et même de France assister à la «méga-fête» organisée par le village Ait Adella de la commune d'Illiltene. «Cette année le nombre de visiteurs est plus important «fait remarquer Haimid le barbu, un des organisateurs qui ajoute: «les gens sont rassurés par la qualité de la réception et surtout la sécurité que nous leur assurons». Trois villages, Zouvga, Takhlidjt et Ait Adella organisent chaque année cette manifestation appelée «Assensu» durant les trois premiers week-ends du mois d'août, chacun à son tour pendant un week-end. Vue de si haut, la Kabylie s'offre dans toute sa splendeur. Les massifs du Djurdjura se dressent en remparts à des villages qui leur sont accolés sur les flancs. Le Djurdjura se découvre majestueux, imposant, rude, impénétrable et insensible au poids des ans et à l'érosion quotidienne du temps. Aride et austère il fait peur aux regards étrangers. Mais une fois le premier stade d'émerveillement dépassé, l'impression d'hostilité s'estompe.