C'est toute la splendide corniche qui vit au rythme de la belle saison, sortant l'antique Igilgili de sa légendaire somnolence.La circulation piétonne et automobile au chef-lieu de wilaya s'est densifiée et certains quartiers névralgiques de la ville ne manquent pas de bouchonner à tout moment. La saison estivale a pris son rythme de croisière à la faveur du rush des estivants, sur la corniche. Le pic de fréquentation des plages a été atteint le week-end passé avec les températures caniculaires de ces derniers jours. De Béni Belaïd, à l'est, à Boublatene, à l'ouest, en passant par les plages les plus prisées du Grand phare, du Rocher noir, des Afftis ou ailleurs, les côtes de la wilaya de Jijel ont connu une véritable affluence. Venant des wilayas de l'est, principalement de Constantine, Batna, Mila et Sétif, en plus de ceux originaires de la wilaya, les estivants ont mis le cap, avec armes et bagages, sur une corniche à la nature encore vierge, mais adoptive. Il convient de rappeler que pour assurer un bon déroulement de la saison estivale, le directeur de la Protection civile de la wilaya de Jijel a déclaré, dernièrement, que 20 plages sont autorisées et 27 autres interdites à la baignade. Pas moins de 29 ambulances seront mobilisées avec 9 plongeurs, 51 agents professionnels et 622 saisonniers pour la surveillance des plages de la corniche qui s'étendent sur 120 kilomètres. Aussi, 7 zodiacs et 27 tours de surveillance seront au rendez-vous. Les terrasses de restaurants prises d'assaut Des terrasses de restaurants longeant la grande bleue et regroupant, le temps d'un repas, des couples, de jeunes gens ou bien des familles, réapparaissent à Jijel. L'un de ces établissements, une sorte de combiné restaurant-pizzeria-crèmes glacées, à la manière d'un cirque, a dressé son chapiteau au centre-ville, à deux pas de la plage. Sur l'esplanade attenante au port de Boudis, les installations en bois de ce restaurant un peu atypique donnent une touche de gaieté à l'ambiance estivale de cette ville côtière, avec ses paillotes en bois couvertes de tuiles, ses lampadaires de style, sa moquette rouge et son aile réservée aux enfants avec balançoires et autres toboggans. Outre la sécurité des lieux, la disponibilité de l'eau et autres commodités, le cadre est particulièrement agréable, notamment le soir lorsque le port mitoyen dégage ses embruns iodés. Cette esplanade qui végétait depuis plusieurs années, livrée aux enfants qui s'y adonnaient à d'interminables parties de football, revit le temps d'une saison à la grande joie des visiteurs qui trouvent, juste à côté, des dizaines d'autres commerces le long de la plage du Casino (aujourd'hui Kotama). Tout le tronçon de ce boulevard situé au cœur de l'antique Igilgili, de même que la plage qui s'étire sur plusieurs centaines de mètres, arborent un visage plus avenant depuis qu'ils ont été débarrassés des détritus qui les jonchaient depuis l'hiver dernier. La location de maisons pour combler le déficit en infrastructures Ainsi et selon la direction de wilaya du tourisme, pas moins de 5 établissements hôteliers sont opérationnels à Jijel, dont «deux ou trois» pour la prochaine saison estivale. Cet investissement induira la création d'infrastructures d'accueil d'une capacité de 622 lits et génèrera jusqu'à 314 emplois directs. Des hôtels «Ibis» et «Novotel», du groupe SIEHA, un autre établissement à Boublatène, ainsi qu'un gîte rural et un motel, dans la commune de Ziama Mansouriah, figurent dans cette nomenclature. La wilaya de Jijel dispose à l'heure actuelle de 24 établissements hôteliers offrant une capacité d'accueil de 2018 lits. Au cours de l'année écoulée, ces structures ont enregistré 38 805 clients ayant passé 67 166 nuitées, soit une moyenne de 2 nuitées par client. Pour cette saison, il était prévu l'ouverture d'un centre de vacances d'une capacité de 130 lits à Tassoust, à un jet de pierre de la grande bleue, alors que les camps de toile, souvent décriés, devraient être remplacés par des bungalows de qualité. La population a plus que doublé et les quelques établissements hôteliers existants affichent «complet» et les autres structures d'accueil ne suffisent pas à répondre à une demande croissante. Jijel, qui sort de sa léthargie, a aussi découvert un nouveau commerce. L'on assiste en effet à un foisonnement d'annonces à travers les artères des localités côtières, où des dizaines de propriétaires de maisons, pour ne pas dire des centaines, affichent leurs intentions de louer leurs habitations durant l'été. Cette nouvelle pratique, qui a fait son petit bonhomme de chemin parmi de nombreuses familles jijeliennes, ces cinq dernières années notamment, constitue un commerce juteux pour les uns et un moyen pour les autres d'arrondir leurs fins de mois. Longtemps négligé, ce procédé a vite retrouvé ses adeptes avec l'amélioration de la situation sécuritaire dans la région. Il est vrai aussi que le déficit en infrastructures hôtelières, dont souffre la wilaya de Jijel, pour l'accueil des vacanciers, avec à peine plus de 2000 lits, a contribué grandement à la floraison de la location d'appartements et autres villas. C'est ainsi que de nombreux vacanciers, de passage dans la région, sont attirés par la location d'appartements, au détriment parfois du confort, pourvu qu'ils passent un agréable séjour au bord de la mer. Pour eux, en louant une habitation, ils arrivent à faire des économies, contrairement aux prix pratiqués au niveau des hôtels, jugés exorbitants au vu des commodités de séjour. La restauration marche mieux Les autres commerces et négoces (restaurants, magasins d'alimentation, marché central) sont l'autre signe révélateur d'une activité qui veut progresser dans le temps et dans l'espace. Mais cette ville côtière, redevenue un havre de paix, voit, elle aussi, ses trottoirs et ses espaces piétonniers squattés par le commerce informel. A Jijel-ville, c'est sans conteste le commerce de la restauration qui marche le mieux. Pour preuve, les gargotes, restaurants, grill-rooms, cafétérias et autres pizzerias ne désemplissent pas. Dans le centre de la ville, une ruelle réputée pour ses «brochettiers» alignés en chapelet et donnant à humer à plein nez les exhalaisons de viande grillée, renseigne bien sur l'aspect florissant de ce commerce. Même si, ici, les commerçants, pour ne pas divulguer leur chiffre d'affaires et éloigner ainsi le «mauvais œil», jurent à qui veut bien les entendre que «la saison passée était meilleure que celle en cours». Une rengaine qui revient chaque été. Une virée à la plage «les Aftis» 9 heures du matin, virée vers la côte ouest, destination la plage «les Aftis». Située à 10 km à l'ouest de la commune d'El Aouana, la plage «les Aftis» au sable d'or est blottie dans une anse connue pour être l'une des plus belles corniches du monde. A travers les commodités offertes, elle s'est imposée comme la destination la plus prisée par les estivants surtout d'Alger, de Kabylie et Sétif. Dans le registre de ses atouts, on retrouve la sécurité et l'hygiène. Elle est l'une des plus riches du pays en faune et en flore sous-marines. Propice à la pêche et à la plongée sous-marine, de l'avis de tous, l'affluence va crescendo d'année en année. En somme, les Aftis offrent les commodités nécessaires pour les nombreux estivants qui débarquent chaque année. «Mais c'est le week-end qu'il y a plus de monde», nous affirme le chef de poste de la Protection civile. Toujours au niveau de cette plage, un coin est aménagé aux barques pour les balades, kayak, pédalos et beach-volley. Les amateurs de sport et de loisirs y effectuent quelques performances ou du moins assimilées comme telles. Des vols à partir de France Des dessertes hebdomadaires de France vers l'aéroport Ferhat Abbas de Jijel ont été ouvertes depuis le mois de juin, comme annoncé par le wali lors d'une session de l'APW. L'ouverture de cette ligne a été assurée par la première compagnie charter française moyen courrier Air Méditerranée. Elle est motivée par le flux important entre les deux rives de la Méditerranée, particulièrement durant la saison estivale.