Le ministère des Affaires étrangères a répondu hier au rapport américain sur l'existence d'un trafic d'êtres humains dans le Sud algérien. Pour le département de Mourad Medelci, le rapport du département d'Etat américain sur la traite des personnes incriminant l'Algérie «se fonde sur des informations erronées et non fiables communiquées par une ONG d'un pays de la rive nord de la Méditerranée». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a déclaré à l'APS que «sur le fond et à l'issue de consultations approfondies entre différentes institutions nationales, il est établi que ce rapport du département d'Etat sur la traite des personnes se fonde sur des informations erronées et non fiables, communiquées, selon nos interlocuteurs américains, par une ONG d'un pays de la rive nord de la Méditerranée». Le phénomène de la traite des personnes reste «très marginal» voire «inexistant en Algérie», selon M. Belani. Le responsable des AE a rappelé que ce phénomène «existe, malheureusement, dans presque tous les pays du monde, y compris aux Etats-Unis d'Amérique selon les propres statistiques du département américain de la Justice», rappelant que l'Algérie a adopté une législation conforme aux dispositions de la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles, dont celui relatif à la traite des personnes. «L'arsenal législatif algérien incrimine tous les crimes et délits liés à la criminalité internationale dans le cadre du code pénal qui prévoit des peines extrêmement sévères contre ceux qui se rendent coupables de tels délits», a-t-il souligné. Quant à l'absence de poursuites par les autorités algériennes, relevée dans le rapport américain, le porte-parole du MAE a affirmé qu'aucun cas avéré de trafic d'êtres humains n'a été signalé aux services compétents de la Gendarmerie nationale ou de la Sûreté nationale qui, dans le cadre du traitement opérationnel de l'immigration illégale, interrogent systématiquement les personnes interpellées pour savoir si elles ont fait l'objet d'abus en tous genres afin de déceler les cas éventuels de traite des personnes. «S'agissant de la communication faite à la partie américaine, à laquelle nous n'avons pas manqué de faire part de notre vif étonnement, nous avons, notamment et instamment, invité nos partenaires à reconsidérer l'approche subjective, qui a présidé à l'élaboration de ce rapport dont nous contestons fermement les conclusions erronées, en privilégiant un traitement équilibré et objectif du phénomène de la traite des personnes qui soit plus en phase avec la réalité sur le terrain», a-t-il ajouté. Des rapports inutiles et routiniers Quant au temps observé pour la réponse à ce document, le porte-parole du MAE a expliqué que «si le ministère des Affaires étrangères n'a pas réagi jusqu'à ce jour, c'est que nous attendions de faire une communication officielle à la partie américaine sur le contenu de ce rapport dont nous contestons, bien évidemment, les très nombreuses assertions erronées». «Cette communication a eu lieu dimanche (24 juillet) dans le cadre du dialogue régulier et serein que nous entretenons avec les autorités américaines», a-t-il poursuivi, ajoutant qu'«il faut toujours prendre avec du recul et relativiser ce genre de rapport, somme toute routinier, sans verser obligatoirement dans les réactions excessives». Le 27 juin dernier, le Département d'Etat américain avait publié un rapport dans lequel il est dit que «le gouvernement algérien ne respecte pas les normes minimales requises pour éliminer le trafic d'humains et aucun effort significatif n'a été fait dans ce domaine». Washington avait accusé Alger d'avoir échoué à protéger les victimes de ce trafic et de ne pas avoir adopté les mesures adéquates visant à endiguer le problème selon ce même rapport pour qui «le gouvernement algérien n'a ni enquêté, ni poursuivi en justice la moindre infraction concernant la traite des êtres humains, ni même condamné un seul contrevenant durant cette année (2010)». Le Temps d'Algérie s'est rendu dans la région de Tamanrasset qui a été citée dans le rapport américain en rencontrant les principaux acteurs et responsables de la wilaya. L'enquête menée par notre journal a démontré que les informations données par le Département américain sont totalement fausses et qu'il s'agissait d'une affabulation. Selon les experts contactés par Le Temps d'Algérie, les ONG et les institutions américaines élaborent des milliers de rapports annuellement juste pour faire diversion et provoquer des polémiques inutiles. D'où la décision du ministère des Affaires étrangères de ne plus répondre à ces rapports d'ONG et d'institutions américaines, qui plutôt font perdre du temps aux Algériens.