L'Etat, comme chaque année, débourse des milliards de dinars dans l'opération du couffin de Ramadhan. Une opération qui a aussi souvent essuyé des critiques des bénéficiaires même ainsi que nombre d'observateurs qui considèrent que «cette action conjoncturelle» est destinée non pas à régler réellement le problème des nécessiteux estimés cette année à 1,4 millions d'Algériens, mais pensent qu'il s'agit d'une «opération électoraliste» à plusieurs variantes dont «beni âamisme», détournements et spéculations. C'est en tout cas ce que pense aussi une partie de la classe politique avec laquelle nous avons pris attache, qui a mis l'accent sur l'absence d'une politique sociale efficace. Ainsi, pour le Front de libération nationale (FLN), dont le chargé de communication, Kassa Aïssi, estime d'abord que l'Etat algérien est l'un des rares pays au monde qui débourse autant d'argent dans les transferts dits sociaux, la notion du couffin de ramadhan est dépassée. «Nous sommes pour la numérisation, pour le chèque par exemple, car la notion de couffin génère pas mal de spéculation», estime M. Aïssi, joint hier par nos soins. Tout en insistant sur «l'incapacité de l'Etat à déterminer une politique sociale correcte», le responsable du FLN ajoute : «Chaque année, nous constatons les mêmes travers. Le couffin de Ramadhan donne lieu, il est vrai, à pas mal de problèmes». La meilleure politique réside à ses yeux dans l'absolue nécessité d'offrir des emplois aux algériens. Abondant dans le même sens, le député d'Ennahda, Mohamed Hadibi, affirme que le couffin de ramadhan ne représente nullement la solution. «La situation sociale des algériens est dramatique. Ce n'est pas uniquement au mois de ramadhan que l'Etat doit penser aux citoyens», note-t-il avant de préciser : «C'est toute la politique sociale qui est à revoir». L'Etat a, selon lui, échoué dans la prise en charge des problèmes des citoyens et «ces solutions de replâtrage» ne serviront à rien. Notre interlocuteur qui évoque «la dignité du citoyen» note également que l'opération du couffin «utilisée à des fins politiques» crée souvent des tensions au niveau des communes et daïras. «L'opération est une humiliation pour le citoyen algérien, en plus elle favorise dans une large mesure le racisme et le régionalisme», fait-il encore remarquer, avant de préciser que l'algérien cherche avant tout l'emploi. Djamel Benabdeslam d'El Islah estime pour sa part qu'au lieu de procéder à la distribution annuelle de couffin, il faudrait d'abord penser à améliorer le pouvoir d'achat des algériens. «Cette opération est l'indicateur d'une politique sociale défaillante», a fait remarquer l'ex-SG d'El Islah, qui estime que l'Etat doit en premier lieu donner l'occasion au citoyen d'avoir des revenus dignes tout en pensant ensuite aux vrais nécessiteux qui seront facilement identifiables. Même si le responsable de la commission de préparation et de suivi du Ramadhan a évoqué des opérations d'identification périodiques des nécessiteux, pour M. Aïssi du FLN, il faut au contraire penser à élaborer une cartographie réelle des vrais nécessiteux.