La production d'électricité à partir des différentes sources d'énergies renouvelables que l'Algérie compte développer sur la période 2011-2030 serait de presque 22 000 mégawatts, indiquent des prévisions de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg). Dans sa dernière lettre d'information, la Creg indique que ce total de production, 10 000 MW, pourrait être destiné à l'exportation et 12 000 MW au marché national. Le programme comporte la réalisation de 67 projets, soit 27 centrales photovoltaïques, 27 centrales hybrides, six centrales solaires thermiques et sept centrales éoliennes. Pour le marché national, la concrétisation de ces projets permettra à l'horizon 2030 de produire, à partir des énergies renouvelables, 40% des besoins en électricité. Les plus grandes centrales que le pays va réaliser seront de type solaire thermique qu'elle compte notamment installer dans les régions du Sud. La plus puissante centrale de ce type aura une capacité de 400 MW pour la partie solaire seulement, selon la Creg qui ne fournit pas de détails sur le lieu de son implantation. Toujours dans le solaire thermique, il est prévu trois centrales de 150 MW chacune pour la partie solaire, dont deux seront construites à El Oued et Bechar. Le coût global de ces projets n'a pas été donné par la commission. Des estimations de la Sonelgaz tablent toutefois sur une facture de plus de 20 milliards de dollars. Partenariat gagnant-gagnant Plusieurs pays comme l'Allemagne, l'Espagne et la France ont affiché leur intérêt vis-à-vis du potentiel national en énergies renouvelables. Ils veulent mettre en place et développer des partenariats dans ce cadre. Est-il préférable pour l'Algérie d'associer des partenaires étrangers dans la mise en œuvre de son programme de ce type d'énergies ou bien d'intégrer les projets et initiatives lancés dans ce domaine à l'image de Desertec (Allemagne) et PSM (France) ? Interrogé par l'APS, Mayouf Belhamel, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) trouve que «ces pays ont une assise et une avancée technologique certaines et notamment en énergies renouvelables, mais n'ont pas aujourd'hui un marché économique viable et solvable et souhaiteraient trouver, bien évidemment, de réelles opportunités pour leurs entreprises avec des pays comme l'Algérie (…)». Concernant le projet élaboré par le pays d'Angela Merkel, Mayouf Belhamel déclare : «L'initiative allemande Desertec a le mérite d'être très claire, et a été pleinement soutenue par l'Algérie. Elle reste, à notre avis, trop ambitieuse et très futuriste». Pour le directeur du CDER, Desertec a besoin de maturation. «La mobilisation des importants investissements à consentir pour les études, la production et le transport de cette énergie massive vers l'Allemagne comme pays le plus engagé dans le projet dépend de certaines conditions préalables qui méritent, à notre avis, d'être mieux cernées et précisées», dit-il. S'agissant de l'initiative française PSM (Plan solaire méditerranéen), elle est techniquement plus intéressante, mais elle reste liée beaucoup plus à des considérations politiques inextricables sans solution pour le court terme. «Ces deux initiatives vont prendre, à notre avis, malheureusement encore plus de temps. Nous proposons donc la solution algérienne, en associant librement, dans un partenariat transparent gagnant-gagnant les pays de tous les continents vraiment intéressés pour y participer, selon les ressources qu'ils veulent bien mobiliser, leur participation pourrait être totale ou partielle dans le Programme national de développement des énergies renouvelables qui vient juste de démarrer», estime-t-on. Pour M. Mayouf, l'Algérie pourrait sans aucun doute tirer profit de ces partenaires immédiats en matière de transfert de savoir-faire, de technologie, de formation spécialisée, d'intégration industrielle et de possibilité d'accès aux marchés voisins d'électricité dans un cadre de partenariat d'exception à mettre en place notamment avec l'Espagne et l'Italie, directement et dans l'immédiat, et avec l'Allemagne et la France dans une phase ultérieure.