Si autrefois, les enfants montaient sur les terrasses pour entendre le coup de canon annonçant la rupture du jeûne, aujourd'hui, tout le monde est face à la télévision ou à côté du poste radio pour attendre l'appel à la prière et l'iftar. Il faut dire que beaucoup de familles notamment les nostalgiques préfèrent la radio à la télé pour écouter la belle voix de cheikh Abdelkader El Bouleidi ou bien de Ahmed Serri. Cette préférence est due à leur belle voix et surtout au style typiquement algérien de ces deux muezzins. Même si les récitateurs de coran et les muezzins d'orient notamment d'Egypte sont très appréciés, on se demande pourquoi la chaîne de télévision ne nous permet pas d'écouter l'appel à la prière et la psalmodie du Coran dans un style algérien. Le style algérien risque de disparaître Chaque pays a ses récitateurs célèbres, alors pourquoi pas l'Algérie ? La Turquie est très fière de ses muezzins Fevzi Msir, Aziz Bariyeli et Ali Riza Sahin. En Egypte, tout le monde connaît l'histoire de cheikh Abou El âynayne qui n'avait que 17 ans lorsqu'il est devenu parmi les dix meilleurs récitateurs de coran de la radio égyptienne. Elève de cheikh Rif'at, Abou El âynayne est considéré comme une véritable pyramide aux côtés du célèbre maître du «Tedjwid» Abdelbasset Abdessamed ou cheikh Djebril qui a appris le coran alors qu'il n'avait que 9 ans. L'un des deux imams de la mosquée du prophète à Médine, cheikh El Houdheifi a également ses fans dans toute l'Arabie tout comme Essoudeissi, Saâd El Ghamidi, El Houssari et El âfassi qui s'est distingué par son nouveau style. L'Egypte, l'Arabie Saoudite et tous les pays d'orient sont très fiers de leurs grands maîtres de la psalmodie. Même si ces grands récitateurs nous appartiennent aussi et qu'on apprécie, il ne faut pas mépriser les nôtres car tout un style de récitation risque fort de disparaître. On se demande pourquoi la télévision algérienne n'essaie pas d'obtenir des enregistrements de Abdelkader El bouleidi. Celui-ci est toujours en forme et dirige quotidiennement la lecture du coran à la mosquée Saoudi de Blida. On s'interroge aussi où sont passés les enregistrements du muphti d'Alger Baba Amer qui, dans les années 1960, passait quotidiennement à la télévision en «assis tailleur» pour réciter le coran tous les soirs avant le Maghreb. Il faut dire que durant et avant cette période, une bonne partie des récitateurs et des muezzins préféraient le style algérien notamment andalou. Les anciens habitants de Bouzaréah se souviennent bien des airs andalous du «Adhan» de cheikh Mustapha Lakhal Kezadri. Il est possible de reprendre la tradition Il est toujours possible de reprendre la tradition A la radio, c'était le grand peintre Omar Racim qui faisait l'appel à la prière. D'ailleurs, sa voix et sa manière de lancer l'appel à la prière ressemblent beaucoup à celles de Ahmed Serri. Cette ressemblance est due vraisemblablement au fait que les grands chanteurs andalous tels que Mahieddine Bachtarzi, ou Ahmed Serri ont appris cet art dans les groupes de «Qessadine» (chanteurs religieux) qui se rencontraient notamment durant les soirées de Ramadhan dans les mosquées ou dans les mausolées tels que Sidi Abderrahmane Ethaâlibi ou dans les zaouïas. On doit rappeler qu'autrefois, le chant religieux était un rite presque quotidien chez certaines familles d'Alger, Blida et Médéa. Dans les années 80, il y a eu un petit retour vers le Adhan de style algérien à Alger. On se souvient de l'irremplaçable virtuose du banjo et chanteur de chaâbi Naguib qui faisait l'appel dans un style typiquement andalou dans le mode «Ghrib». Le chanteur Hachemi Guerouabi aurait également été sollicité pour le Adhan durant la même période. Avec sa très belle voix, le «wkil» (gérant) et imam du mausolée de Sidi M'hammed Bouqabrine à Belouizdad reste l'un des rares à garder cette manière de faire l'appel à la prière. La plupart d'entre eux préfèrent les modes «Ghrib» et «Zidane» mais il est possible de psalmodier le coran et faire l'appel à la prière dans d'autres modes andalous comme le «âraq»» et le «Djarka». D'autres muezzins et récitateurs d'Alger tels que cheikh Sari à Bouzaréah et cheikh Zouaoui (frère du maître du chaâbi) de la mosquée de Scala ont de très belles voix même si le style diffère. Alger, Blida, Tlemcen et beaucoup de villes d'Algérie dont celles du Sahara regorgent de belles voix. La télévision et le ministère des affaires religieuses devraient penser à leur faire appel. Le chanteur et religieux cheikh Ghafour et cheikh Abdelkader El Bouleidi seraient les mieux placés pour ces enregistrements. On pourrait également organiser un concours de «Adhan» et créer un prix «spécial style algérien» pour les concurrents de l'émission «Forsane El Qor'ane» dont on regrette le départ de son permier producteur et animateur Slimane Bekhlili.