L'Algérie est accusée par le Sénat français de polluer la mer Méditerranée. Dans un rapport intitulé «La pollution de la Méditerranée : état et perspectives à l'horizon 2030», cette institution pointe du doigt notre pays pour son utilisation des pesticides interdits et ses rejets d'hydrocarbures dans la Méditerranée. Roland Courteau, sénateur du PS (Parti socialiste), écrit dans ce document que «l'Algérie stockerait actuellement près de 190 tonnes de pesticides interdits par les conventions internationales, notamment des polluants organiques persistants (POP) comme le DDT». Se voulant plus précis, il ajoute que ces pesticides «se trouveraient dans des entrepôts situés à Alger, Sidi Bel Abbès, Mascara, Tipasa, Aïn Témouchent, Tizi Ouzou et Mostaganem». Il soutient également qu'en 2002, cette quantité de 190 tonnes de pesticides a fait l'objet d'une évaluation par le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Depuis cette évaluation, la situation ne s'est pas beaucoup améliorée, a-t-il déploré en soulignant que sur la rive Sud de la Méditerranée, la destruction des stocks de ces pesticides est encore loin d'être acquise. Il en veut pour preuve le Maroc où pas de moins de 8 tonnes de pesticides interdits seraient stockées depuis des années, et ce, contrairement aux conventions internationales stipulant que l'interdiction d'utilisation des pesticides devrait être accompagnée par la destruction de ce genre de produits. D'autre part, notre pays est aussi cité dans ce rapport concernant sa position de principal producteur des hydrocarbures dans la région. L'Agence européenne de l'environnement avait déjà souligné en mai dernier qu'en raison des fuites d'exploitation et des bouts toxiques provenant des raffineries, l'Algérie rejetterait annuellement quelque 10 000 tonnes d'hydrocarbures dans la Méditerranée. L'Algérie est-elle le seul pays à polluer la Méditerranée ? L'on retiendra par ailleurs que ce rapport, au sujet de la pollution en Méditerranée, n'a point évoqué la responsabilité des pays de la rive Nord dans la dégradation de la biodiversité en Méditerranée. Une dégradation qui servirait donc d'alibi pour le Sénat français pour fustiger l'Algérie en laissant croire que notre pays est le seul à être coupable de ce constat et en diluant de surcroît la responsabilité des autres pays du pourtour de la Méditerranée, en particulier ceux du Vieux continent. En s'attachant uniquement à l'idée selon laquelle seule l'Algérie est responsable de la pollution en Méditerranée, cette manière de faire réduit sensiblement de la crédibilité du rapport. Sommes-nous donc en droit de nous interroger si le rapport en question ne répond pas au souci d'exercer une forme de pression sur l'Algérie pour atteindre des objectifs liés notamment à l'opulence financière dont dispose notre pays, source de convoitise de beaucoup de pays, en particulier ceux de l'Europe confrontés présentement à une crise économique aiguë. Sur un autre volet, soulignons qu'en termes de lutte contre les atteintes à l'environnement dans la région du Maghreb, l'Algérie est l'un des pays les plus actifs dans ce domaine. Pour preuve, Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, avait indiqué en avril dernier que quelque 300 entreprises industrielles étaient fermées sur décisions de justice pour atteinte à l'environnement. Il a aussi indiqué que les dossiers de 43 autres sociétés sont en cours de traitement par la justice algérienne.