Le jeune compositeur et chanteur kabyle, Djaâfar Aït Menguellet, est revenu, dans cet entretien, sur ses premiers pas dans la chanson et aussi sur ses projets artistiques. Taciturne de tempérament, mais ambitieux comme son père Lounis, il compte aller aussi loin que possible dans sa carrière artistique. Pour lui, la relève n'est pas un vain mot. Le Temps d'Algérie : Djaâfar Aït Menguellet est connu pour être quelqu'un qui revendique beaucoup plus son statut de compositeur que celui de parolier, tout en s'investissant dans les arrangements. Peut-on en savoir plus ? Les mots savants que vous utilisez dans vos chansons viennent-ils donc du patrimoine didactique de votre père ? Djaâfar Aït menguellet : Effectivement, je suis plus compositeur qu'interprète. Avant de chanter, je maniais des instruments musicaux et faisais en même temps des compositions. Ma première expérience dans la chanson s'est faite suite à la sollicitation de mon père pour son album Thirgwa. C'était, pour rappel, une seule chanson de dix parties avec une seule musique, donc il fallait y mettre différentes musiques. Par la suite, mon père m'a proposé de l'aider pour d'autres parties. Il a été satisfait de mon travail. C'est ainsi qu'il m'a proposé de chanter. Et quand j'ai chanté devant le public pour la première fois, cela a plu à pas mal de personnes. C'est suite à cela que j'ai commencé à chanter. A mes débuts, je n'ai jamais pensé devenir un jour un chanteur. Dans votre dernier album, vous avez dressé un constat sur le vécu de la jeunesse algérienne avec une connotation empreinte de pessimisme... Comment voyez-vous cette réalité aujourd'hui ? Un chanteur, c'est comme un journaliste. Le journaliste, avant d'écrire un article, fait un constat, moi, je fais un constat de la vie quotidienne et c'est ce qui se reflète dans mes chansons. L'artiste est un porte-parole de sa société et de son public. Un autre maître du verbe, Si Moh en l'occurrence, apparaît dans vos chansons et albums. Racontez-nous cette rencontre. Le premier album que j'ai sorti comprenait des textes écrits par mon père avec mes compositions. Et, dans mon deuxième album, comme je venais de rencontrer si Moh, ce dernier m'a proposé des textes pour les chanter et j'en ai choisis deux. Pour le troisième, ça a été pareil, j'ai pris d'autres textes de Si Moh. J'espère que pour le prochain, ce sera la même chose. Ceci dit, mon choix pour Si Moh était évident parce que c'est un excellant poète. C'est un grand honneur pour moi de travailler avec un chanteur de la trempe de Si Moh. Votre carrière peut-elle être considérée comme une relève pour la chanson kabyle ? La relève est un mot lourd, si je puis dire. Moi, dans ce domaine, j'essaye de prendre tous les chemins et si j'arrive à aller loin, tant mieux. Sinon, ce n'est pas grave, parce que au départ, mon but était de faire quelque chose de propre. J'essaye de me perfectionner davantage dans ma carrière artistique, mais la gloire ne m'intéresse pas. L'essentiel pour moi est d'apporter quelque chose d'utile à la chanson kabyle. Vous venez d'animer un gala au Centre culturel algérien de Paris. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Parlez nous aussi de vos projets. Le gala s'est très bien déroulé en présence d'un public merveilleux. J'ai répondu favorablement à l'invitation de directeur du centre, qui n'est autre que le célèbre écrivain Yasmina Khadra. Il a, d'ailleurs, assisté à mon gala, ce qui m'a fait énormément plaisir. C'est une très bonne expérience pour moi. Pour ce qui est de mes projets, je me prépare pour le gala du 13 août prochain à la salle El Mougar et pour celui de Tizi Ouzou à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, le 23 août prochain. Par ailleurs, j'ai réalisé il y a quelques jours un générique pour le feuilleton d'Omar Tribèche, Tadjra n'louz, qui passe en ce mois de Ramadhan sur A4. Je prépare aussi deux génériques pour deux autres films en kabyle qui sortiront prochainement. C'est une opportunité pour moi d'être sollicité par des professionnels du cinéma. Etes-vous de ceux qui pensent que la chanson kabyle a régressé ces dernières années ? Certes, il y a eu une période creuse à un certain moment. Mais, maintenant, je pense que les choses commencent à s'améliorer graduellement. Beaucoup de jeunes chanteurs ont apporté un plus à la chanson kabyle. Certains vous reprochent de ne pas chanter dans les petites localités et que vous ne vous produisez que lors d'importants évènements culturels... Je ne suis pas d'accord. La semaine dernière j'ai chanté à Larbaâ Nath Irathen. Je réponds présent aux invitations dans la mesure du possible. Je ne peux pas honorer 7 ou 10 invitations à la fois. Entretien réalisé