Une quarantaine de personnes s'était rassemblée, hier, devant le siège de l'ambassade de Syrie à Ben Aknoun (Alger), en réponse à l'appel de la Coordination algérienne pour le soutien de la révolution syrienne (CASRS). Une heure et demie durant, les manifestants ont brandi des drapeaux, des photos et autres illustrations des massacres commis quotidiennement par le régime en Syrie et des banderoles portants des slogans hostiles au régime de Bachar El Assad. «Irhal, irhal ya Bachar» (dégage, dégage Bachar), «La révolution syrienne est leader par son pacifisme», disaient les manifestants qui répétaient d'autres expressions dans lesquelles ils demandent la protection des civils syriens et une sortie de crise imminente. Plusieurs fondateurs de la CASRS étaient présents à ce rassemblement, dont Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication, Loth Bonatéro, chercheur, Abdelkrim Abidat, président de la Coordination de la protection de la jeunesse, Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCCA, des avocats, des enseignants universitaires et plusieurs membres de la communauté syrienne installés en Algérie. Ce deuxième rassemblement, après celui de vendredi soir au même lieu, a été une autre occasion pour demander le départ de l'ambassadeur syrien à Alger et le retrait de l'ambassadeur algérien en Syrie. «Nous sommes choqués par la position algérienne qui n'est pas à la hauteur de ce grand pays ayant toujours pris des positions fermes contre la violence et les crimes contre les peuples», diront les initiateurs. «Nous interpellons les Nations unies, la Ligue arabe et autres organismes à agir vite pour arrêter le bain de sang en Syrie et permettre à la population de manifester pacifiquement. Le seul tort des Syriens est de vouloir vivre en liberté. Ils ont eu, en contre-partie de cette revendication légitime, des chars circulant à l'intérieur des cités pour commettre des massacres à ciel ouvert et face au mutisme des nations arabes et musulmanes. Le peuple a organisé des manifestations pacifiques et nous avons demandé des preuves matérielles pour justifier ces massacres contre des innocents. C'est le cas de tous les dictateurs qui refusent de céder face aux aspirations de leurs peuples. Ils s'attachent au pouvoir et sont prêts à utiliser tous les moyens pour maintenir le chaos». Les membres de cette coordination indiquent que le message est adressé également aux peuples libyen, yéménite, tunisien et égyptien. Outre les rassemblements de solidarité, la coordination appelle à la récolte et l'acheminement des aides à la population syrienne car la situation humanitaire est catastrophique vu que l'accès est interdit sur ce territoire. Les statistiques avancées par la coordination font état de la mort de 2800 civils, 5000 disparus, 29 000 détenus, 40 000 blessés et handicapés, 113 enfants tués ou torturés en plus des 5000 soldats syriens assassinés par l'armée après leur refus de tirer sur la population désarmée. L'armée a incendié leurs corps et les a jetés dans la mer pour effacer toute trace de ce crime, affirme Nidal Debah, avocat syrien installé en Algérie depuis quarante ans. Il affirme participer à ce rassemblement pour «exprimer le soutien et la solidarité de la société civile algérienne contre la barbarie dont sont victimes des citoyens syriens». Cet avocat interpelle «les consciences vivantes dans le monde et surtout en Algérie à faire cesser ces massacres». Vers une réforme pacifique On apprend, par ailleurs, la création prochaine de la coordination de soutien aux révolutions arabes. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier la naissance de cette organisation. «Il n'y a pas que la Syrie qui a besoin de notre solidarité mais ce sont tous les pays qui se trouvent actuellement dans la même situation. La guerre d'Algérie fait partie des plus belles et grandes guerres au monde, nous devons préserver cette place et continuer d'être l'exemple pour les autres nations. Ceci s'ajoute au fait que nous avons vécu une expérience rare en démocratie et liberté malgré les insuffisances existantes, ce qui fait de nous un exemple en la matière», dira Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA. En plus de nationalité algérienne, cette coordination sera ouverte aux représentants de la communauté arabe en Algérie et vise à renforcer les liens entre les sociétés civiles de tous les pays de la région pour mieux organiser une réforme pacifique. A propos de notre communauté installée en Syrie, M. Boulenouar affirme qu'il n'y a pas eu de morts ni de blessés dans les opérations en cours mais évoque «le harcèlement moral et la répression exercés par les autorités syriennes».