«La volonté de créer une économie hors hydrocarbures date des années 70, mais rien n'a été fait à ce jour.» C'est Abdelhamid Mehri, figure du système s'il en est, qui parle. On ne peut bien évidemment pas commenter des choses dont quelqu'un n'a pas parlé, mais on peut tout de même se poser la question de savoir pourquoi il a parlé précisément de cela et pas d'autre chose, pourtant, aussi évidentes que celles qu'il a choisies d'évoquer. Parce que dans les années 70, avant les années 70 et bien après les années 70, il y a eu tellement de choses dont on a affiché la volonté et dont rien n'a été fait… Comme il y a toujours des choses plus importantes que d'autres et des projets qui «englobent» tout, on se rappelle par exemple, et Abdelhamid Mehri est bien placé pour ne pas l'oublier, qu'on nous avait promis le bonheur. Y a-t-il plus globalisant et structurant que le bonheur ? Cinquante ans après, les Algériens sont toujours aussi, sinon plus, malheureux encore que dans les années 70. Il y en a même qui disent que si nous sommes aussi malheureux, c'est parce qu'on a pensé pouvoir nous imposer le bonheur, mais c'est un autre débat que M. Mehri n'a jugé utile d'aborder que depuis les années 90 et qu'il n'a pas évoqué dans sa dernière sortie chez notre confrère Algérie News. Comme on ne peut pas, décemment et déontologiquement commenter quelque chose qui n'a pas été dite, restons donc dans ce qu'il a dit. Ceci entre autres : à la question de savoir s'il y a une réelle volonté du pouvoir de réformer, M. Mehri répond qu'il était difficile de trancher, mais «jusqu'à maintenant, cette volonté… n'y est pas ! Pour une difficulté de trancher, c'en est vraiment une. Et puis ceci : «le pétrole va s'épuiser dans 40 ans. Cela veut dire que la génération actuelle va assister à cet épuisement. Si l'huile et le sucre ont provoqué des émeutes dans tout le pays, qu'en sera-t-il de la fin du pétrole ?» L'apocalypse, manifestement, puisque d'ici là, on n'aura ni pétrole, ni «politique économique saine et efficace». En 2051, il y aura donc des émeutes d'une telle ampleur qu'elles ne s'appelleront plus «émeutes». Dans l'intervalle, il n'y aura eu ni réforme ni démocratie ni alternance au pouvoir, ni développement. On croit même comprendre que le pouvoir actuel sera toujours là. Seul manquera M. Mehri, parce qu'il manque déjà depuis quelque temps. Mais on ne commente pas les choses qui n'ont pas été dites. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir