Dans un entretien accordé à El Watan l'ancien secrétaire général du FLN, signataire du contrat de Rome, a voulu se placer nettement au dessus de la mêlée, qui oppose deux systèmes, ou deux hommes, en attendant que d'autres candidats se déclarent. Mehri, qui s'était retiré de la vie politique pour «des raisons personnelles» pendant six années, persiste à qualifier de «combat de coqs» le duel qui oppose Benflis à Bouteflika. Une sortie que Mehri n'a pas voulu polémiste, ni inélégante, mais seulement une façon imagée de souligner que «ce combat se déroule essentiellement entre des personnes en occultant les problèmes réels qui se posent au pays. Nous sommes entraînés vers des débats artificiels axés sur les personnes, qui nous empêchent d'aller au fond des choses». Ces problèmes, selon lui, «sont liés à un système qui perdure depuis 1962 et qui a fait son temps». Selon Mehri, en effet, «le système touche à sa fin». La rupture dont parle Mehri, est d'autant plus souhaitable, que le bilan de Bouteflika, de même que ceux de ses prédécesseurs, n'est pas seulement le sien. Pour lui, «le changement de position du personnel politique actuellement se situe dans le même système de gouvernement». Mehri veut comme preuve que ce système doit partir pour le bien du pays, c'est qu'«aujourd'hui, il est manifeste qu'on ne maîtrise plus rien. Tirer les ficelles, individuellement, chacun de son côté, ne peut plus marcher. Le pays améliore sa situation financière sans que cela ait un impact sur la vie sociale et économique». Le brûlant sujet de l'armée et de son rôle dans la vie politique a lui aussi été soulevé. Si Mehri souligne ne pas savoir exactement qui commande dans ce pays, il n'en précise pas moins qu'un Etat qui aspire à devenir un pays moderne doit impérativement situer ses centres de décisions suivant les strictes prescriptions de la Constitution. Pour le moment, «il est impératif d'ouvrir un débat sans exclusion aucune». Il ajoute que «la solution politique (qu'il a toujours prônée) n'est pas un signe de faiblesse». S'agissant de concorde, dont les résultats demeurent mitigés et que beaucoup de ses anciens alliés tentent de faire assumer au président Bouteflika, Mehri demeure lucide, dissertant lucidement sur un sujet qui n'en finit pas de déchaîner les passions: «Ce que je retiens c'est que l'armée était arrivée à un accord avec l'AIS et que Zeroual n'a pas voulu marcher. On a fait appel à Bouteflika pour prendre en charge l'accord écrit et non réalisé et le finaliser en quelque sorte. S'agit-il d'une politique du pays? Ou plutôt celle d'une personne? C'est selon.» S'agissant du FIS dissous, s'il est fini en tant que parti, c'est loin d'être le cas s'agissant du phénomène politique et de société, lié au vécu et aux traditions de notre pays. En conclusion, Mehri, même s'il conteste la démarche actuelle de Benflis, n'en estime pas moins que «le FLN fait partie de ces formations politiques authentiques exprimant les aspirations du peuple et dont l'Algérie a besoin».