Le bilan du pacte économique et social, signé entre le gouvernement, la Centrale syndicale et le patronat public et privé et qui a expiré depuis une année, reste mitigé selon les organisations patronales. Les points cruciaux ayant freiné l'émergence d'une économie forte persistent en dépit des efforts déployés pour améliorer plusieurs autres aspects. L'engagement du gouvernement à préparer les conditions adéquates pour le passage l'économie vers la phase de l'après-pétrole continue d'être un point noir et objectif toujours pas atteint en dépit des mesures prises. «Ce n'est pas toujours fait, vu que les mesures décidées restent insuffisantes. La diversification des ressources est tributaire d'une économie forte et d'une production locale dans tous les domaines. Ce qui n'est pas encore le cas vu que la croissance est encore soutenue par les investissements publics. Dans ce domaine, il y a beaucoup de choses à faire», estime M. Abdelaziz Nait, président de la confédération nationale du patronat algérien (CNPA). Le problème du financement des entreprises et des PME n'a toujours pas été résolu dans la mesure où le secteur bancaire reste à la traîne des décisions gouvernementales et ne répond pas de façon efficace aux exigences de l'économie nationale. «Ce sont les banques qui ne jouent pas le jeu. C'est un problème connu et récurent et les solutions tardent à venir», a-t-il indiqué. Le pacte a évoqué la mobilisation des acteurs en vue d'éradiquer la fraude et le marché informel. Ça n'a pas été malheureusement le cas, vu que les deux phénomènes ont pris une proportion alarmante ces dernières années et leur éradication devient une chose presque impossible. «Des efforts ont été faits mais elles restent minimes face à la dimension actuelle de ces phénomènes. Nous nous contentons d'un travail de dénonciation. Je pense qu'il faut se mobiliser davantage et mettre plus de moyens pour réaliser cet objectif», dira le président de la CNPA. A propos de la politique de l'emploi, M. Nait juge la contribution du patronat d'«importante» vu que le secteur privé est générateur de 75% des emplois créés grâce aux mesures incitatives mises en place par le gouvernement. A propos de l'amélioration des conditions de productivité, de qualité et la réduction des prix, M. Nait estime que les entreprises nationales ont saisi le sens et l'enjeu de cet engagement mais son application reste encore difficile dans le contexte actuel. Globalement, «le bilan est positif mais nous ne sommes pas encore satisfaits», affirme M. Nait qui suggère au gouvernement «de définir une vision et une stratégie de réformes pour reconstruire le secteur industriel et productif national». Pour cela, «les réformes doivent être lancées simultanément envers tous les secteurs pour réhabiliter l'industrie, revoir le mode de fonctionnement du secteur public et trouver une complémentarité entre le secteur privé et public». Un bilan négatif ? Pour M. Nait, il est nécessaire de reconduire le pacte dès la rentrée sociale. «C'est important de le reconduire à la prochaine tripartite ou après. Il faut apporter les modifications pour l'améliorer et l'enrichir». Habib Yousfi, le président de la confédération générale des opérateurs et entrepreneurs algériens (CGOEA) estime, pour sa part, que le bilan du pacte est négatif. «Les engagements pris dans ce document n'étaient pas respectés et les décisions ne sont appliquées, alors à quoi s'attendre ?» s'interrogent-ils. Selon lui, les décisions prises ces dernières années étaient contraignantes pour l'entreprise algérienne à qui il ne reste plus d'à mettre la clef sous le paillasson. «Des entreprises se ferment car elles ne peuvent plus continuer dans l'environnement actuel. Parler de les relancer relève de l'impossible. On a tiré la sonnette d'alarme pour les sauver mais cela n'a pas été entendu. On ne sait plus qui croire», a-t-il ajouté. Pour le président de la CGOEA, le pacte est un document «mort et enterré» car c'est «la crédibilité du dialogue qui a été touchée dans le fond». «Il n'y a rien à faire lorsqu'on fait du dialogue la pièce maîtresse de notre politique puis on prend des décisions unilatérales qui portent atteinte aux partenaires», a-t-il conclu. A noter que le pacte économique et social a été signé en octobre 2006 pour une durée de cinq années. Ce document avait pour objectif d'impliquer les trois partenaires dans la mobilisation des capacités nationales pour atteindre la relance économique, la stabilité et la paix en l'Algérie. Cette charte a défini le rôle et les engagements de chaque partie signataire pour réunir les conditions nécessaires à la réussite de cette stratégie qui a comme principale fondement la continuité et la pérennité du dialogue social.