Trois morts et près d'un millier de blessés ont été dénombrés dans une grande manifestation, vendredi soir au Caire, après un rassemblement pour réclamer davantage de réformes et de démocratie en Egypte. Le ministère égyptien de la Santé a annoncé les trois décès et a évoqué le chiffre de 1 049 blessés, dont 786 ont reçu des soins médicaux sur place, les autres étant hospitalisés à l'issue des affrontements lors desquels les manifestants s'en sont pris à l'ambassade israélienne. Commençant par abattre le mur, dressé il y a quelques jours pour protéger l'ambassade, les manifestants ont pénétré dans l'enceinte diplomatique et ont jeté des documents «confidentiels» dans la rue. Des milliers de manifestants, dont la plupart étaient réunis pacifiquement sur la place Tahrir pour exiger une accélération du processus de transition après le renversement du dictateur Hosni Moubarak, en février dernier, ont convergé vers le bâtiment. Malgré la présence de six gardes israéliens restés dans l'ambassade, les assaillants ont mis à sac l'édifice, saccageant le hall et jetant au sol des documents et le drapeau israélien. Pour disperser la foule hostile, la police égyptienne a tiré des coups de feu en l'air et usé de gaz lacrymogènes. Des pneus et des véhicules ont été incendiés à proximité de l'ambassade, alors qu'au lever du jour, hier, environ un demi-millier de manifestants continuaient de défier la police, certains d'entre eux jetant des pierres contre les forces de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur a fait état d'au moins 450 manifestants blessés. La télévision publique a signalé 46 policiers blessés. De sources proches des services de sécurité, on a fait état de 28 arrestations. Une crise diplomatique Cette explosion de violence intervient dans un contexte déjà difficile sur le plan diplomatique. En août dernier, des gardes-frontières égyptiens avaient trouvé la mort dans le Sinaï au cours d'une opération militaire israélienne contre des hommes armés responsables de la mort de huit Israéliens. Depuis, des manifestations quotidiennes se déroulent devant la représentation diplomatique israélienne. Les autorités égyptiennes ont entrepris de la protéger avec un mur, rapidement recouvert de slogans anti-israéliens et des couleurs nationales de l'Egypte. Vendredi, des manifestants ont brisé le mur à l'aide de marteaux et de barres métalliques, avant de pénétrer dans l'établissement. Israël a immédiatement rappelé son ambassadeur Yitzhak Levanon, ses collaborateurs et leurs familles. L'Etat hébreu a décidé de maintenir un diplomate en poste en Egypte, premier pays arabe à avoir signé la paix avec lui en 1979. Un autre avion a ramené six membres de la sécurité de l'ambassade, qui avaient été laissés sur place pour tenter de protéger les lieux avant de les quitter avec l'aide de militaires égyptiens. Le Premier ministre égyptien Essam Charaf a réuni, hier matin, un conseil des ministres extraordinaire. Des forces de l'armée et de la police étaient toujours déployées en masse hier devant l'ambassade d'Israël.