Vingt personnes ont été tuées et 500 autres blessées hier par les forces de sécurité yéménites qui ont tiré à Sanaa sur des manifestants réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, selon le chef d'un hôpital de campagne à Sanaa, Mohammed Al Abani. D'après lui, plusieurs manifestants souffraient de problèmes respiratoires après avoir inhalé du gaz lacrymogène. Les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser des dizaines de milliers de protestataires rassemblés sur la Place du changement dans le centre de Sanaa, où des contestataires campent depuis février pour réclamer le départ du Président. Les autorités ont utilisé des balles réelles, des canons à eau et du gaz lacrymogène. Selon la source médicale, 25 personnes blessées se trouvaient dans un état critique. D'importantes manifestations ont également eu lieu à Taëz, Ibb et Dhammar, trois villes au sud de Sanaa, ainsi qu'à Saada (nord) pour protester contre les violences. Samedi, six étudiants avaient été blessés dans des heurts entre groupes rivaux à l'université de Sanaa, selon des personnes impliquées dans ces accrochages et un responsable médical. Au pouvoir depuis 1978, le président Saleh fait face depuis janvier à un mouvement de contestation qui a fait plusieurs centaines de morts. En convalescence à Ryad où il a été hospitalisé le 4 juin, au lendemain d'une attaque contre son palais à Sanaa, le vieux dirigeant a chargé en début de semaine son vice-président de négocier avec l'opposition un transfert du pouvoir. Il refusait jusqu'à présent de signer un plan proposé par les monarchies du Golfe malgré de fortes pressions internationales.