Le président russe Dmitri Medvedev a envisagé, pour la première fois, le départ de Bachar Al-Assad, estimant que le régime syrien devait faire des réformes ou partir, même si Moscou maintient son opposition à toute ingérence dictée par les Occidentaux. «Nous travaillons activement avec les dirigeants syriens pour qu'ils procèdent aux réformes indispensables. S'ils ne sont pas capables de mener ces réformes, ils doivent partir», a déclaré Dmitri Medvedev au cours d'une réunion de Conseil de sécurité russe. «Mais, c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'Otan ou à certains pays européens», a ajouté le président russe, avertissant que Moscou continuerait de bloquer à l'ONU «des sanctions visant à déboucher sur des changements de régime». Ces déclarations interviennent quelques jours après le veto de la Russie et de la Chine - membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - à un projet de résolution sur la sanglante répression des manifestations en Syrie. Par ailleurs, la Russie n'admettra pas de légitimer des sanctions unilatérales visant à renverser tel ou tel régime dans le monde, a déclaré vendredi le président russe Dmitri Medvedev, lors d'une réunion du Conseil national de sécurité. «La Russie s'opposera à toute tentative de légitimer, à l'aide du Conseil de sécurité des Nations unies, des sanctions unilatérales contre les régimes indésirables», a indiqué le chef de l'Etat, en ajoutant que l'ONU n'avait pas été créée pour cela. Et de constater que le projet de résolution européen sur la Syrie, bloqué par la Russie, permettait de rééditer le «scénario libyen» dans ce pays. «Les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU assument une responsabilité particulière pour les destinées de la paix dans le monde», a souligné le chef de l'Etat, en rappelant qu'en Libye, l'adoption de sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU visant à protéger les civils avait permis de lancer une opération militaire internationale outrepassant le mandat de l'ONU. Washington invite Moscou à soutenir son embargo sur les armes La porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a salué cette déclaration, mais a souligné que Moscou devait adopter des mesures supplémentaires pour renforcer sa pression sur le président syrien Bachar Al-Assad. La diplomate a souligné que les Etats-Unis invitaient le plus grand nombre de pays possible à exercer une pression politique et économique sur le régime de Damas. «Des pays comme la Russie pourraient prendre des mesures supplémentaires pour renforcer leur pression sur Al-Assad, y compris en soutenant notre embargo sur les livraisons d'armes à la Syrie», a souligné Mme Nuland. L'ambiance relativement calme à Damas L'ambiance était relativement calme vendredi dans plusieurs zones proches de Damas, capitale syrienne, marquée par la présence renforcée de l'armée et des forces de sécurité dans certains des faubourgs qui ont connu des manifestations massives au cours des six derniers mois. Des forces armées et de sécurité importantes étaient visibles à l'entrée de certains quartiers volatiles proches de Damas. Dans le quartier de Midan, dans le centre de Damas, des manifestations pour et contre le gouvernement ont été observées mais n'ont duré que quelques minutes. Pas moins de cinq points de contrôle de l'armée ponctuaient la principale route entre Harasta et à Douma, deux foyers de protestations. Un témoin oculaire à Douma a déclaré qu'un rassemblement antigouvernemental de faible ampleur y avait eu lieu mais avait été rapidement dispersé. Selon des militants et des témoins cités par Al-Jazeera, au moins neuf personnes ont été tuées vendredi alors que des milliers de manifestants se massaient dans les rues pour réclamer le départ du président Bachar Al-Assad.