François Hollande, dans ses nouveaux habits de prétendant officiel à l'élection présidentielle était ce lundi matin sur le pont de Clichy. Une rose à la main, dans une symbolique très mitterrandienne. En ce 17 octobre, le président du conseil général de Corrèze était venu rendre hommage aux manifestants algériens du 17 octobre 1961, «une date qui pour beaucoup est date de souffrance». Il y a cinquante ans, une répression sanglante frappait la manifestation organisée à Paris, en pleine guerre d'Algérie, par la fédération de France du FLN en faveur de l'indépendance de l'Algérie. Ce soir-là, 30 000 manifestants, dont près de 10000 habitants de la boucle nord des Hauts-de-Seine, avaient convergé vers la capitale. Nombre d'entre eux ont été arrêtés et brutalisés au pont de Neuilly, certains mourant noyés dans la Seine. «Il faut que la vérité soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particulière, a souligné François Hollande. Reconnaitre ce qui c'est produit. Aujourd'hui je le fais en tant que socialiste. Ensuite, ce sera sans doute à la République de la faire...» Cinquante après, l'Etat français n'a toujours pas reconnu sa responsabilité. Les associations sont aujourd'hui nombreuses à réclamer la reconnaissance par la France d'un crime d'Etat. En présence de Sébastien Piétrasanta, le maire (PS) d'Asnières, de Gilles Catoire, le maire (PS) de Clichy, le candidat socialiste a ensuite assisté au dévoilement d'une plaque commémorative sur laquelle il est écrit : «[...] De ce pont, et d'autres ponts de la région parisienne, des manifestants algériens furent jetés dans la Seine le 17 octobre 1961, victimes d'une répression aveugle. A leur mémoire, le 17 octobre 2011». Benjamin Stora, historien français, spécialiste de l'immigration algérienne présent hier, s'est félicité d'un début de reconnaissance «d'une des plus grandes tragédies française».