Depuis la fin des combats le 20 octobre, les découvertes de cadavres se succèdent dans la ville libyenne où Kadhafi se terrait avant d'être capturé et tué. Les équipes de volontaires collectant les morts dans les ruines de Syrte, la ville fantôme, ont indiqué qu'elles continuaient d'y découvrir des dizaines de cadavres, souvent non identifiés. «On a enterré plus de 500 corps depuis dimanche dernier, et on continue à en trouver à travers la ville. La plupart sont des combattants, je pense, mais je n'en suis pas sûr», raconte un des volontaires occupé à la sinistre tâche, Ibrahim Souleymane, qui ne sait pas si d'autres équipes effectuent la même tâche dans d'autres parties de la ville. Sur le site d'une société de traitement des eaux située dans le quartier n°2, où les forces de l'ancien dirigeant s'étaient réfugiées avant leur déroute, les volontaires ont découvert 26 tombes sommaires, marquées par des parpaings qui ne mentionnent aucun nom. Au milieu des bâtiments de la société ravagés par les combats, les corps sont enterrés très peu profondément dans le sable, près d'un grand réservoir d'eau, et l'odeur de leur décomposition se fait très nettement sentir. Pour Ibrahim Souleymane, il s'agit sans doute de combattants pro-Kadhafi, «enterrés à la hâte» par leurs frères d'armes après avoir été tués lors d'affrontements contre les forces du Conseil national de transition (CNT), mais l'information est impossible à vérifier. Dans le centre de Syrte, au croisement de la rue de Dubaï et de la rue du 1er Septembre, des membres de l'association caritative libyenne Djebel Al-Akhdar ont affirmé que plus de 50 corps de civils se trouvaient sous un immeuble détruit par une frappe aérienne de l'Otan. «Il y a plus de 50 corps de civils sous les décombres, des femmes, des enfants. C'est horrible. On ne peut pas y accéder, il faudrait des bulldozers», a déclaré un membre de l'association, Mohammed Muftah, les larmes aux yeux. Les découvertes de cadavres se succèdent Des habitants du quartier se tenant à ses côtés ont confirmé l'information, et une forte odeur de cadavres pourris flottait sur les ruines. Selon Ayman Ibrahim, autre membre de Djebel Al-Akhdar, l'immeuble s'est écroulé après une frappe de l'Otan. Un cratère de 7 mètres de diamètre rempli d'eau, coupant la rue de Dubaï voisine, attestait en tout cas d'une frappe de l'Otan sur la zone, aucune arme des pro-CNT ou des pro-Kadhafi n'étant en mesure de produire pareilles destructions. «On roule à travers la ville, on cherche, on demande aux gens. Parfois les gens viennent nous voir pour nous dire qu'il y a des corps chez eux», explique un autre volontaire, Mohammed Younès Al-Hemali. «Les familles, quand elles rentrent chez elles, trouvent souvent un corps ou une tombe de fortune dans leur propriété», raconte-t-il. Depuis la fin des combats le 20 octobre, les découvertes de cadavres se succèdent à Syrte. Quelque 65 à 70 corps avaient ainsi été découverts pourrissant sur la pelouse de l'hôtel Al-Mahari, certains ligotés, souvent la tête trouée d'une balle. Les combattants pro-CNT assurent qu'il s'agit de camarades exécutés par les pro-Kadhafi avant leur fuite, mais l'ONG Human Rights Watch, qui a mené une enquête et établi que quatre des victimes étaient des habitants de Syrte proches de Kadhafi, estime qu'il s'agit plutôt de pro-Kadhafi sommairement exécutés par les pro-CNT. Non loin de là, quelque 200 corps avaient été retrouvés dans et autour des restes du convoi détruit par une frappe de l'Otan, dans lequel Mouammar Kadhafi avait tenté le 20 octobre de fuir Syrte, avant sa capture et son assassinat dans des circonstances troubles.