Prévue pour évoquer «les prisonniers et les révolutions de libération nationale», la conférence, animée hier au Centre d'études stratégiques du quotidien Ech-chaâb par Samir Kantar, «le doyen des détenus arabes», s'est finalement transformée en accrochages verbaux entre les partisans du président syrien et les opposants au régime de Bachar El Assad. Les révoltes arabes ont aussi été évoquées par le conférencier qui n'a que trop peu parlé de la Palestine, encore moins des «révolutions nationales». Dans sa courte allocution avant l'ouverture du débat, Samir Kantar, détenu en 1979 et libéré par les Israéliens en 2008, a commencé par évoquer la «nouvelle étape» dans laquelle est entré le monde arabe la qualifiant de «dangereuse», dans la mesure où, selon son analyse, «il y a manœuvre de contenir ces changements» qu'il refuse d'ailleurs de qualifier de révolte. Pour le conférencier, qui accusera la France, les Etats-Unis d'Amérique et l'Otan, «la jeunesse arabe doit prendre conscience de ces dangers». Ce qui a par contre «incité» les présents, les Syriens notamment fortement présents, à évoquer avec insistance le conflit syrien, c'est le soutien franc qu'a apporté le conférencier au régime de Bachar El Assad qu'il faut prendre comme exemple. «Un comble» que des opposants syriens résidant en Algérie ont vertement critiqué avant que les pro-Assad, des diplomates pour la plupart, n'applaudissent le conférencier. «La Syrie est en plein dans la crise», rappelle un avocat au conférencier qui estime qu'il y a une volonté chez Al Assad «de mener des réformes profondes». Des voix s'élèvent ici et là, qui pour soutenir le président syrien, qui pour dénoncer «les exactions qu'il a commises à l'encontre du peuple». Il a fallu l'intervention du modérateur de la conférence pour que les esprits se calment un peu. Même si d'autres questions ont été évoquées, notamment le changement dans les pays arabes, les opposants syriens reviennent à la charge, battant en brèche les affirmations du conférencier et de certains employés de l'ambassade qui accusent le conseil national syrien d'appeler à l'intervention étrangère, ce que dément catégoriquement Adnane Bush qui rappelle au conférencier que «le peuple a droit à la protection». «Le peuple est avec le président», crient encore certains pro-Assad. Cette atmosphère a régné tout au long de la rencontre au cours de laquelle le conférencier a quand même répondu à d'autres questions. Il a ainsi relaté les conditions de sa détention et évoquera à propos de la question palestinienne, un «nouvel axe» de lutte contre Israël auquel est associé entre autre l'Iran. Sur les révoltes arabes, il considère que les manœuvres occidentales sont destinées à réactiver le Grand-Moyen-Orient (GMO) qui a échoué, alors que, pour lui, Abdeldjalil du CNT libyen n'est qu'un «Hamid Karzai» de la Libye. Interrogé sur le rôle de la Turquie, il accusera ce pays, membre de l'Otan, de «jouer un double jeu dangereux». Sur les divisions au sein de la résistance palestinienne, il appellera à «une réconciliation basée sur un programme politique». Il se félicitera enfin de l'échange récent de prisonniers entre le Hamas et l'Etat d'Israël.