Le monde de la presse est en deuil. Ali Bey Boudoukha, qui signait sous le pseudonyme de Amar Ben Salem, s'est éteint hier dans un hôpital parisien des suites d'une longue maladie. En 1988, alors que l'Algérie est en feu, que des émeutes éclatent un peu partou Ali Bey Boudoukha, journaliste à la radio nationale, décide avec un petit groupe de confrères de rester fidèle au poste. Alors que la plupart de ses collègues ont fui la station de peur d'être pris à parti par les manifestants, il reste fidèle derrière le micro pour donner la parole aux contestataires, pour parler de la répression musclée et même meurtrière des forces de sécurité. Le régime se démocratise, le multipartisme est instauré, Ali Bey Boudoukha devient rédacteur en chef à la radio nationale. Il participe à la création du premier syndicat libre de journalistes, le MJA. Mais avec l'interruption du processus électoral fin 1991, arrivent les années de sang. Il quitte la radio nationale pour RFI en 1994. Comme à d'autres journalistes, les autorités lui proposent d'être logé dans un quartier hautement sécurisé. Il refuse. Il tient à son indépendance. Il se méfie autant du système que des terroristes islamistes, mais surtout, comme le dit un de ses confères, il est droit et extrêmement rigoureux. Bien sûr, il vivait très difficilement cette tragédie algérienne, mais il est resté présent. Amar venait d'avoir 60 ans ; il était père de trois enfants.