Les pays du Maghreb ne disposent pas encore d'une vision globale de lutte contre le bayoud (ou fusariose), une maladie qui ravage pourtant le palmier-dattier de la région depuis maintenant 130 ans et continue de le faire. Le constat a été fait hier à l'Institut national de recherche agronomique d'Algérie (Inraa) à l'occasion de la deuxième et dernière journée du premier symposium international sur le palmier-dattier. Organisé par l'Inraa et le laboratoire de recherche sur les zones arides de la faculté des sciences biologiques à l'université Houari-Boumediene, cette rencontre entre chercheurs et scientifiques a été l'occasion de faire le bilan de cinquante années de recherches pour la préservation et la valorisation de cet arbre fruitier. Dans une communication sur «le bayoud du palmier-dattier en Afrique du Nord», le Dr Sedra du Maroc ne s'est pas contenté de relever l'absence de cette vision à l'échelle du Maghreb. Il a aussi noté plusieurs carences au plan opérationnel qui réduisent sur le terrain les efforts des Etats agissant à titre individuel. Selon le conférencier, parmi les graves carences déplorées, figure l'absence d'une cartographie précise des foyers de maladie dans les pays contaminés. Par conséquent, les chercheurs en agronomie n'arrivent pas à se faire une idée aussi complète que précise sur les régions touchées par la fusariose au Maroc, en Algérie et en Mauritanie. Se pose aussi à eux la question de la fiabilité du diagnostic dans les pays encore indemnes, c'est-à-dire la Tunisie et la Lybie. Il y a enfin une indisponibilité de support financier à l'échelle régionale «pour assurer la coordination, la coopération et la complémentarité des efforts», explique-t-il. Une lutte efficace nécessite donc la conjugaison des efforts en recherche appliquée, d'autant que le problème que pose le bayoud à la région est grave de conséquences. Il ne s'agit pas seulement de préserver un arbre afin de s'assurer la récolte. «Dans les pays d'Afrique du Nord, le palmier-dattier constitue l'élément essentiel des écosystèmes sahariens et présahariens. Ces problèmes sanitaires sont placés parmi les contraintes majeures du développement du secteur dattier. Le bayoud est incontestablement la maladie la plus destructrice et la plus menaçante dans les pays maghrébins», déclare le Dr Sedra. «Cette maladie a touché la presque totalité des palmeraies marocaines, une grande partie du sud-ouest algérien et plusieurs localités de la palmeraie mauritanienne», constate-t-il. L'état des lieux est différent d'un pays à un autre. A partir de là, le conférencier conclut que tla diversité des situations dans ces pays impose une diversité des stratégies de lutte contre le fléau.»