Ils étaient nombreux à se rassembler hier matin à Tizi Ouzou. Les chauffeurs de taxi assurant la liaison entre la daïra de Boghni et le chef-lieu de wilaya ont tenu un sit-in de protestation à l'ancienne station sise en face de la gare routière de la ville, actuellement cédée aux bus de la périphérie. «Nous sommes venus exprimer notre colère et mécontentement quant à la concurrence déloyale qui s'est emparée de notre ligne depuis notre délocalisation à la nouvelle gare multimodale de Bouhinoun», nous a déclaré M. Dahmani, secrétaire général de l'Union locale de Draâ El Mizan du Syndicat national des taxis et transporteurs (SNTT), affilié à l'UGTA. Les protestataires ont occupé tout l'espace de la station à l'aide de leurs véhicules, empêchant ainsi les bus des stations de la périphérie de la ville d'effectuer leurs chargements à l'intérieur. Pour notre interlocuteur, les transporteurs des voyageurs par minibus qui effectuent leurs chargements au niveau de la station aménagée pour ceux de Draâ Ben Khedda, et ce depuis la délocalisation des taxis en août dernier à Bouhinoun, «ont réduit à néant l'activité des chauffeurs de taxi ». En effet, les voyageurs en provenance de Boghni préfèrent à présent prendre le minibus pour rallier directement le centre-ville, plutôt que de prendre un taxi ou le bus qui les déposent à la gare multimodale pour prendre ensuite la navette vers la ville. Il est clair qu'avec le minibus, le voyageur gagne plus de temps et d'argent, sachant que la navette en bus est à 70 DA, alors que celles des taxis et minibus est de l'ordre de 60 DA la place. Les protestataires, plus de 150 personnes, dénoncent ainsi cette «concurrence déloyale car les voyageurs ont déserté les taxis et se sont rabattus sur les minibus ; du coup, nous ne travaillons plus», estiment-ils. Et de demander que «tous les transporteurs soient mis sur un pied d'égalité». Le directeur des transports de wilaya, Kamel Rezig, s'est déplacé hier matin sur les lieux du sit-in. Un compromis est vite trouvé entre les deux parties. Il s'agit selon notre interlocuteur de «la délocalisation immédiate des transporteurs de voyageurs par minibus (ligne Boghni-Tizi Ouzou), vers un espace aménagé juste à proximité de la gare de Bouhinoun». «Avec cette solution, le voyageur aura à choisir loyalement entre le bus, le taxi ou le minibus. Ce qui est légal aux yeux de tous les opérateurs», estime M. Dahmani. Cependant, jusqu'à l'après-midi d'hier, la direction des transports n'a pas notifié la délocalisation par une directive comme convenu le matin avec les représentants des protestataires. «Nous avons peur que ce soit encore une de ses (directeur des transports, ndrl) promesses qui ne sera pas tenue encore une fois», doute M. Dahmani. Ce dernier rappellera d'ailleurs une circulaire de la même direction et datant du 2 novembre dernier qui stipule l'arrêt provisoire et urgent de la ligne Boghni-Tizi Ouzou par minibus, mais qui n'est pas appliquée jusqu'à présent. Hier en fin d'après-midi, les protestataires campaient toujours sur leurs positions et occupaient les lieux de la station, dans l'attente d'un écrit officiel. «Sans cet écrit et une application immédiate de l'accord conclu, nous resterons ici, quitte à passer la nuit dehors», conclut notre interlocuteur. Par ailleurs, il y a lieu de signaler que certains chauffeurs de bus de la même ligne ont tenu à se déplacer sur les lieux du sit-in pour apporter leur soutien aux protestataires, sans pour autant arrêter le travail, un service minimum étant assuré.