A la gare multimodale de Bouhinoun, les quais sont vides. Seuls quelques agents de la SNTF et des policiers assurent la sécurité. Une entreprise des travaux publics s'affaire à aménager de nouveaux quais. Cette infrastructure, qui devait recevoir les transporteurs après leur délocalisation du centre-ville, n'est pas prête pour l'accueil et le traitement des voyageurs. Les usagers contestent les mauvaises conditions d'accueil dont l'absence du minimum de commodités et de sécurité. Les transporteurs, propriétaires de bus, sont en grève depuis dix jours. Ils protestent contre leur délocalisation en estimant que «les conditions minimales de travail et d'accueil ne sont pas toutes réunies». Ainsi, la mise en application du nouveau plan de transport depuis samedi a provoqué des remous et une forte perturbation dans le transport des voyageurs. Au milieu de ce désordre, les citoyens se débrouillent tant bien que mal. Seuls moyens de locomotion pour rejoindre Alger : le train, le taxi ou encore les clandestins. «J'ai payé 400 DA pour rejoindre Alger grâce aux transporteurs ‘‘clandestin'', on n'a pas le choix, les taxis ne peuvent pas satisfaire la demande et les horaires de train ne m'arrangent pas», dira une dame. Au niveau de l'ancienne gare routière, c'est le rush vers les taxis. Même constat à la gare ferroviaire qui se trouve au boulevard Stiti, à l'ouest de la ville. Dans le hall, une spacieuse salle d'attente, équipée de bancs et d'un écran d'affichage, plusieurs dizaines de voyageurs à destination d'Alger attendent le prochain départ. «C'est dommage qu'il n'y ait pas suffisamment de rotations. A partir d'ici, il n'y a que quatre départs vers Alger, mais c'est mieux que rien», affirme un voyageur. Notons qu'il n'y a pas que la liaison Alger-Tizi Ouzou qui est perturbée par la grève des transporteurs, mais aussi, les destinations de Béjaïa, Boumerdès, Bordj Ménaïel et quelques lignes internes. Le nouveau plan de transport prévoit aussi la délocalisation des aires de stationnement implantées en ville vers des gares intermédiaires situées à la périphérie de la ville. Sur les trois stations périphériques, dont la mise en service a été effectuée le 2 juillet, et qui devaient accueillir les transporteurs des lignes internes, seules les stations de Beni Douala et du pont de Bougie ont été ouvertes aux usagers. Une nouvelle ligne, reliant la station Beni Douala à la gare routière de Tizi Ouzou, est mise en service. Ainsi, les transporteurs de Beni Douala, Ouacif, Ouadhias et Beni Aïssi, Iboudrarene et Beni Yenni ont été délocalisés. L'entreprise de transport public (Etuto) a subi une forte pression pour assurer le déplacement des milliers de personnes affluant du versant sud-est et du nord de la wilaya, soit près du tiers du flux. Dans les arrêts de bus, en ville, les voyageurs semblent désorientés. Ils tentent tant bien que mal de s'y adapter, mais déplorent le manque de rotation des bus de l'entreprise publique Etuto. La délocalisation de la station de M'Douha vers celle du pont de Bougie ne s'est pas déroulée sans écueil. Hier, des voyageurs ont tenté de fermer la route pour protester contre la lenteur de la navette que devait assurer l'Etuto vers le centre-ville. «Ce plan est voué à l'échec si les responsables ne remédient pas au manque de navettes entre la ville et cette station. Cette délocalisation nous a engendré plus de frais puisque les transporteurs ne veulent pas baisser les prix avec moins de trajet à parcourir en plus», se plaint un voyageur. La plus importante gare périphérique, celle de Oued Aïssi, reste pour le moment fermée. Les travaux de son aménagement traînent depuis 15 jours. Les voyageurs en provenance d'Iflisen, de Tigzirt et de Makouda seront acheminés, dorénavant, vers l'ancienne gare routière de Tizi Ouzou qui a été désaffectée au profit des chauffeurs de taxi.