Un match international annulé en dernière minute, c'est bien la première fois que cela arrive dans le football algérien. Il ne faut pas assimiler l'annulation de la confrontation Algérie-Cameroun de ce mardi avec ce qui s'était passé en 1984 avec un certain Suisse-Algérie qui n'avait jamais eu lieu. Cette année là, il y avait eu un match amical contre les Helvètes au stade du 5 Juillet et ces derniers avaient promis un match retour chez eux aux Algériens. Mais ce n'était, comme on l'a dit, qu'une promesse alors que les responsables de la fédération avaient cru que c'était une décision ferme de la part des Suisses. L'équipe algérienne s'était, donc, déplacée dans ce pays pour y disputer un match amical mais en arrivant sur place elle avait appris que celui-ci n'existait pas. Au final, il y avait eu limogeage du président de la FAF, Omar Kezzal qui, pourtant, était hospitalisé dans un hôpital parisien et qui n'était même pas au courant de ce match ni des tractations qui avaient été menées par la DTN algérienne. On s'aperçoit là qu'il s'agissait d'un match qui n'existait que dans l'esprit des responsables du football algérien alors que Algérie-Cameroun qui devait se jouer ce mardi au stade du 5 Juillet est un match bien réel, organisé de concert avec un agent agréé-Fifa par les deux fédérations celle d'Algérie et celle du Cameroun. Il ne s'agissait que d'un match amical mais un match tout de même organisé sous l'égide de la Fifa puisque le trio arbitral tunisien qui devait officier est international-Fifa. Du reste, c'est la fédération internationale qui donne son accord pour qu'un tel match puisse se jouer. Selon l'article 5 du paragraphe 2 du règlement de l'application des statuts de la Fifa, «tous les matches internationaux ‘A', y compris les matches amicaux et ceux disputés dans le cadre de tournois ou de jeux dont le football fait partie, sont annoncés par les membres organisateurs au secrétariat général de la Fifa dans les quatorze jours suivant leur conclusion ; dans tous les cas, une telle notification doit parvenir à la Fifa au plus tard quarante-huit heures avant la date prévue du match. Pour les matches notifiés après ce délai, une amende de 700 dollars sera due à la Fifa. Pour les matches qui n'auront fait l'objet d'aucune notification, une amende de 1500 dollars sera due. Ces amendes sont payables dans les dix jours après réception de la décision de la Fifa.» La fédération internationale prend tellement au sérieux les matches, amicaux ou officiels, organisés sous son égide qu'elle demande à la fédération concernée par l'organisation du match en question de lui envoyer dans un délai de 14 jours après le match, un rapport «en se servant du formulaire officiel établi à cet effet, le résultat du match, les noms et prénoms de l'arbitre et des arbitres assistants qui y ont officié ainsi que les noms, prénoms et la qualification des joueurs et des remplaçants des deux équipes. Le formulaire doit être dûment complété et signé.» La Fifa enregistre le match comme ayant été joué et le fait entrer dans son listing de tous les matches internationaux ainsi que dans le palmarès des deux fédérations concernées. C'est dire qu'Algérie-Cameroun, en dehors du fait qu'il devait se jouer à titre amical, avait un caractère officiel pour la Fifa et on peut croire qu'à défaut de feuille de match, la Fédération algérienne de football va envoyer à l'institution de Zurich un rapport bien détaillé sur les tenants et les aboutissants des circonstances qui ont amené ce match à ne pas se dérouler. Qu'il y ait eu problème au sein de l'équipe camerounaise n'intéresse pas la FAF. C'est un problème camerouno-camerounais qui devait se régler entre les Camerounais eux-mêmes. La FAF, elle, avait un match à organiser et elle avait pour cela pris beaucoup de dispositions, notamment sur le plan financier. C'est ainsi que des billets d'accès au stade au nombre qui devait dépasser le chiffre de 50 000 ont été imprimés et mis en vente (voir article sur le sujet par ailleurs) au prix de 300 dinars l'unité. Des contrats ont été signés avec des annonceurs pour les panneaux publicitaires à installer tout autour du terrain du stade 5 Juillet. Ce dernier a fait l'objet d'un contrat de location signé par l'OCO, propriétaire des lieux, et la FAF. Enfin, il y a les incontournables droits d'image (droits de télévision) et de retransmission radiophonique où il est question de gros sous. On peut même parler de préjudice financier pour toutes les chaînes de télévision et de radio qui avaient acquis ces droits puisqu'elles-mêmes avaient leurs propres annonceurs de publicité dont les spots devaient passer avant, pendant et après le match. On ajoutera que la FAF avait mis à la disposition de la délégation camerounaise un avion qu'elle avait affrété auprès de la compagnie Air Algérie pour qu'elle puisse être transportée à partir du Maroc où elle se trouvait jusqu'en Algérie. On voit donc que le FAF a engagé d'énormes frais dans cette histoire et il est normal qu'elle demande réparation et à être remboursée. La Fifa sera d'autant plus tenue de prendre une décision en sa faveur qu'elle-même est intéressée quand un match, même amical, est organisé puisqu'elle touche un pourcentage de 2% sur la vente des billets d'accès au stade ainsi qu'un autre sur les droits TV et ceux de la publicité. Quant à l'agent agréé-Fifa organisateur du match il devra voir, lui aussi, avec les Camerounais pour être remboursé étant entendu que l'Algérie ne lui paiera rien puisque le match n'a pas eu lieu.
