Amara Allawa, 47 ans, marié, père d'un enfant de 4 ans. Un citoyen qui tient un petit commerce à Bouzareah qui lui permet de gagner sa vie. La béquille sur laquelle il s'appuie ne semble pas trop le gêner. Sa jambe paralysée ne l'empêche pas de gérer son commerce. Ainsi, quoique directement concerné, il n'y croit pas du tout, à ce 3 décembre dont on parle. «C'est quoi ce 3 décembre ?! je suis contre ce genre de célébration, oui pour une journée pour les travailleurs, mais pour les handicapés!! Je crois que c'est là une façon de les diminuer, c'est des personnes comme les autres». S'il y a quelque chose à regretter, c'est le fait de ne pas avoir eu la chance de poursuivre ses études. «En voilà un véritable handicap. On est à l'ère du Net !» précise-t-il. Ce n'est là qu'une raison personnelle, car il faut signaler qu'à côté de la mentalité des gens parfois, «c'est l'administration qui est handicapée chez nous», a-t-il ajouté. Pour mieux s'expliquer, Allawa a évoqué un rôle qu'il avait joué, une fois, dans une petite pièce théâtrale. Il a avait incarné le rôle d'une personne handicapée qu'un responsable avait refusé de recevoir tout comme l'agent de réception. Il a fini par être reçu par le responsable, une fois informé qu'il venait de la part d'un certain M. X. Allawa est contre le fait qu'on vienne tel ou tel jour pour lui «donner quelque chose». Qui en réalité «lui appartenait, et ces 3000 DA serviront-ils à quelque chose ?» Pour ce qui est du mouvement associatif, Allawa estime que les associations ne jouent pas leur rôle dans ce sens. «Je sais comment ça se passe dans les associations. Il n'y a pas une réelle volonté d'intégrer des handicapés. C'est de la routine. Il faut qu'elles s'imposent, ces personnes-là. Mais pour des raisons ou pour d'autres, elles n'y arrivent pas parfois. Il y a la communication qui fait défaut. Par ailleurs, la situation n'est pas la même pour tout le monde, il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. C'est l'entourage, la nature du handicap, la situation matérielle et la personne en elle- même. Le recours à des psychologues dans certains cas est nécessaire», a-t-il indiqué. Pour lui, «il y a toujours quelque chose à faire pour que la vie soit meilleure, mais il faut en avoir la volonté», nous a-t-il dit.