Alors que les estimations des résultats des législatives égyptiennes donnent vainqueur à 40% les Frères musulmans, la secrétaire d'Etat à la Jeunesse du gouvernement français fait part de ses inquiétudes sur les succès de partis islamistes et salafistes au lendemain des «révoltes du Printemps arabe». Jeannette Bougrab se dit «inquiète» dans les colonnes du quotidien Le Parisien ce week-end. «Je ne connais pas d'islamisme modéré... Il n'y a pas de charia light», dit ainsi Jeannette Bougrab, d'origine algérienne. Les partis islamistes rencontrent, ces dernières semaines, un succès considérable dans les urnes du Maroc, de la Tunisie et de l'Egypte. «Je ne suis pas ministre des Affaires étrangères. Je réagis en tant que citoyenne, en tant que femme française d'origine arabe.» Le chef de la diplomatie française Alain Juppé avait prôné, lui, un dialogue avec les partis islamistes modérés, comme Ennahda en Tunisie ou le Parti Justice et Développement (PJD) au Maroc, à condition qu'ils ne franchissent pas certaines «lignes rouges», que sont «le respect des élections, l'Etat de droit, les droits de l'homme et de la femme». Les présidents tunisien et égyptien «Ben Ali ou Moubarak avaient agité le chiffon rouge des islamistes pour obtenir le soutien des pays occidentaux», rappelle Jeannette Bougrab. Ce qui confirme que les deux ex-présidents étaient de véritables remparts contre l'extrémisme religieux fanatique. La secrétaire d'Etat de la Jeunesse est catégorique à ce propos : «Il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse. Moi, je ne soutiendrai jamais un parti islamiste. Jamais. Au nom des femmes qui sont mortes, de toutes celles qui ont été tuées, notamment en Algérie ou en Iran, par exemple, parce qu'elles ne portaient pas le voile…» L'expérience algérienne a été, en effet, très douloureuse avec des menaces de mort proférées par des hommes politiques de l'ex-FIS (Front islamique du salut) bien avant «leur victoire aux législatives en 1990». L'arrêt du processus électoral avait provoqué plus de 200 000 morts, dont des hauts responsables de l'Etat, des intellectuels, des hommes de culture, des politiciens, des militaires, des policiers, ainsi que de simples citoyens. Certains spécialistes estiment d'ailleurs que l'islamisme n'a aucun avenir en Algérie, d'où la décision d'empêcher l'instrumentalisation de la religion et de la langue à des fins politiques. D'ailleurs, l'exception algérienne a été saluée lors d'une récente conférence débat animée par les eurodéputés (voir l'édition du 3 décembre, ndlr). Les parlementaires européens sont conscients que les «révoltes des islamistes dans les pays arabes vont mener la région à l'impasse, étant donné leur discours extrémiste».