C'est à l'issue d'une plénière caractérisée par des interventions d'ordre politique,qui a amené le président de l'APN à intervenir plusieurs fois, qu'a été adopté hier le projet de loi sur les partis grâce au deal FLN-RND. Pour la première fois, le MSP a voté contre, dessinant ainsi plus clairement son retrait de l'Alliance présidentielle. Le PT a également voté contre alors que les députés FNA tout comme ceux du RCD ont boycotté. Les dissidents du MSP se sont abstenus alors que ceux du mouvement Ennahda ont quitté la salle. Même si le texte est adopté à une majorité relative, le vote négatif «historique» du MSP qui a toujours soutenu «les réformes profondes et globales du président» sonne comme l'annonce de la mise à exécution «graduelle» de son retrait de l'Alliance. Ayant toujours voté avec le RND et le FLN, le MSP s'est distingué lors des précédents votes par son abstention pour marquer sa «différence». Cette fois, c'est l'option du rejet qui a été adoptée par la formation de Bouguerra Soltani qui a en point de mire les élections législatives de 2012. Même s'il ne l'avoue pas dans un communiqué rendu public pour annoncer également qu'il va se prononcer contre le projet de loi sur l'information et celui relatif aux associations qui vont être présentés en plénière la semaine prochaine, le MSP qui justifie sa décision par le fait que «les réformes ont été vidées de leur substance et instrumentalisées à des fins politiques», ce qui fait perdre l'occasion de concrétiser «la volonté populaire», est à coup sûr «revigoré» par les récents développements qu'a connus la scène régionale avec la victoire des partis islamistes en Tunisie, au Maroc et en Egypte. Le «brouhaha» créé lors de la présentation des amendements (au total 165 amendements ont été apportés au texte) n'est d'ailleurs pour le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Daho Ould Kablia qui intervenait à l'issue de l'adoption du texte, qu' «une lutte pour le repositionnement», allusion au vote négatif du MSP qui a toujours justifié sa position par le souci de protéger les réformes. «Les réformes dérangent ceux qui ont l'habitude de nager en eau trouble», accuse Daho Ould Kablia qui n'a pas omis au passage de féliciter les députés qui ont adopté le texte et de rappeler que «c'est là un pas décisif» pour la construction d'un Etat de droit. Les membres du FLN, à l'instar de Si Affif qui s'exprimait en marge de la plénière, estiment pour leur part que le MSP a toujours menacé de se retirer de l'alliance, considérant que «c'est de la surenchère politique». Pour Abdelhamid Si Affif, le MSP, «est tenté par ce qui se passe dans le monde arabe, surtout que les élections approchent». Faux, estime le chef du groupe du MSP, Laouar Naamane, qui jure par tous les saints que leur démarche est «saine». Il faut noter par ailleurs que le cas du FLN a été aussi remis «au goût du jour» par certains députés qui ont relancé via leurs amendements (article 5) l'idée de mettre le vieux parti au musée. Des échanges verbaux et des protestations «bruyantes» ont fusé. C'est Ziari qui interviendra encore pour répondre en tant que membre du FLN à ses détracteurs. «Le FLN est présent sur la scène politique nationale depuis plus de 50 ans. Il est en droit d'exister comme tout autre parti. Vous êtes en retard. Vous auriez pu faire cette proposition au lendemain de l'indépendance et non maintenant», s'emporte Ziari qui répond ainsi à ceux qui attaquent le FLN. La majorité des amendements proposés par les députés (165) ont été rejetés, même s'il s'agit d'amendements pour la forme. Certains députés, y compris ceux du MSP, se sont d'ailleurs attaqués à la commission qu'ils accusent de parti pris. Nous citerons à titre d'exemple les amendements qui préconisent la suppression de l'article 77 relatif à la déchéance du mandat de tout élu dont le parti est dissous, ceux demandant l'abrogation de l'article 75 relatif à la dissolution des partis ou encore le retrait de l'article 86 qui prévoit des sanctions à l'encontre des membres de partis qui organisent des rassemblement et des marches. «Une consécration de l'hégémonie de l'administration» pour beaucoup que démentira Ould kablia qui estime que le texte «simplifie les démarches».