Les accidents de la route sont considérés par la direction de la sûreté nationale (DGSN), la sécurité routière, les associations des victimes de la route et la protection routière comme la première cause de mortalité en Algérie avec 3286 personnes tuées et 38 903 autres blessées dans 21 520 accidents depuis janvier dernier, soit une augmentation de 31,68% par rapport à 2010. Selon les données de l'OMS et des organismes nationaux, l'Algérie se positionne en 3e place des pays les plus touchés par ce fléau. L'incivisme des conducteurs, le manque de vigilance et les imprudences des usagers sont les plus mis en cause dans les accidents routiers. Contactée par nos soins, Mme Flora Boubergout, présidente de l'Association nationale de soutien aux personnes handicapées «El Baraka», a évoqué le problème et les difficultés que rencontrent les victimes de la route au quotidien. «La vie des accidentés de la route ressemble au parcours du combattant ; il est très difficile pour eux de s'en sortir socialement et financièrement, parce qu'ils ne sont pas remboursés juste après l'accident», déplore la présidente d'El Baraka. Les handicapés des suites d'un accident de la route ne sont indemnisés qu'après des mois de souffrances et de lutte et l'Etat ne leurs donne que des sommes très symboliques, qui ne peuvent pas répondre à leurs besoins (soins, prise en charge, médicament…). «La prise en charge d'un handicapé est très difficile, car il y a un manque de centres de rééducation fonctionnelle étant donné que la plupart de ces derniers sont localisés dans le centre», explique Mme Boubergout. Cette situation incommode fortement ces victimes obligées de se déplacer des wilayas de l'intérieur du pays, avec tout ce que cela implique comme dépenses et difficultés de transport. Il est aussi à noter que le matériel orthopédique (béquilles, fauteuils roulants, cannes canadiennes…) n'est pas suffisamment pris en charge par la sécurité sociale et cela crée une importante crise chez cette frange de la population qui la handicape doublement. La présidente de l'association El Baraka lance un appel aux pouvoirs publics et à toutes les bonnes volontés pour aider les victimes de la route qui vivent un calvaire au quotidien et qui souffrent de la démission totale de l'Etat. «Les équipements orthopédiques et les couches adultes devraient être pris en charge par l'Etat tous les deux ans et gratuits pour les étudiants et les enfants», affirme la présidente d'El Baraka. En effet, ce type d'équipements est très coûteux, d'où la nécessité de les faire rembourser par la sécurité sociale, car certains importateurs en font un marché juteux et s'enrichissent sur le dos des malades. Accessibilité des transports aux handicapés Il n'y a qu'à prendre les transports publics pour constater qu'il n' y a aucun aménagement adéquat pour les personnes handicapés. Les autobus, le tramway et le métro ne sont pas équipés d'espaces pour cette catégorie de la population. Des rampes et des trottoirs plats sont quasi absents, voire inexistant dans toutes les villes du pays. «Des accès facilités dans les administrations et lieux publics ou encore l'absence de moyens de transport appropriés complique davantage la vie à ces personnes handicapées», regrette-t-elle, ajoutant : «Il faut que l'Etat pense à réaliser des transports aménagés sur tout le territoires national et pas uniquement au centre, car les handicapés ne vivent pas uniquement dans la capitale». L'association El Baraka souhaite que les autorités publiques établissent le permis à points pour réduire les accidents de la route, ce dernier ayant donné de bons résultats à l'étranger. Par ailleurs, elle propose au ministère de l'éducation nationale d'instaurer dans les programmes scolaires un chapitre consacré à l'éducation routière, car l'enfant d'aujourd'hui est le conducteur de demain. Enfin, Mme Boubergout propose de mettre en place une équipe pluridisciplinaire (médecins, psychologues, aide-soignants…) pour prendre en charge les victimes de la route en les orientant et les guidant dans leurs démarches (remboursements, déplacements, travail, indisponibilité du matériel…). Il est aussi important que l'Etat donne plus d'intérêt à la société civile, qui active à partir d'associations, en les écoutant et en les encourageant.