Après l'adoption sans surprise de la loi relative à l'information, «une régression» pour nombre d'observateurs et de professionnels du secteur, le ministre de la Communication Nacer Mehal accuse certaines parties d'utiliser le débat sur le statut du journaliste «à des fins politiciennes», promettant un nouveau texte qui consacrera «les libertés et l'accès libre à l'information». «Il y a des gens qui utilisent le débat sur le statut du journaliste à des fins politiciennes», a accusé Nacer Mehal, jeudi à l'APN, en marge d'une plénière consacrée aux questions orales. Sans les citer, le représentant du gouvernement défendra sa démarche et promettra des changements dans le statut particulier dès 2012. Le ministre, qui s'exprimait sur le statut du journaliste adopté pourtant depuis 2008, mais qui n'a, à ce jour jamais été appliqué, justifiera ce «retard», par l'inexistence des textes d'application. «Le texte de 2008 a besoin peut-être d'être actualisé et amélioré», s'est-il contenté de dire, avant de promettre de réunir autour de la même table pour ce faire «les professionnels et les syndicats du secteur». Les changements que le texte de 2008 subira iront dans le sens du renforcement des libertés et à l'accès aux sources d'information», promettra Mehal, qui ne soufflera mot sur ces mêmes textes d'application qu'il faudra alors élaborer après le nouveau statut promis pour 2012. Doit-on attendre encore trois où quatre années avant de voir ces texte enfin «applicables» ? Fort possible, au regard de la célérité avec laquelle a été élaboré le projet de loi sur l'information qui consacre l'ouverture de l'audiovisuel au secteur privé qui sera régulé par… «une loi spécifique» à venir. A ce propos, il évoquera la nécessité d'entamer une large concertation autour de ce nouveau texte avec, notamment des experts, juristes et universitaires. «Nous devons voir comment le champ audiovisuel a été ouvert dans d'autres pays et adapter leurs expériences au contexte algérien pour élaborer une loi qui correspond à l'Algérie et à son peuple», a-t-il martelé, alors qu'il se contentera d'indiquer à propos de l'indépendance des membres des autorités de régulation que «le Conseil supérieur français de l'audiovisuel (CSA) est désigné par l'Elysée». Dans un autre registre, le ministre de la Communication, qui revient sur les dispositions de la nouvelle loi sur l'information, a considéré que les journalistes des sites électroniques ont les mêmes droits que ceux des autres médias. «Un journaliste reste un journaliste. Il faut juste qu'il soit professionnel et que le journalisme soit sa profession principale», a-t-il déclaré insistant sur la nécessité d'identifier les propriétaires des médias électroniques. «Si, par exemple, une personne est diffamée, il faut bien qu'on sache à qui appartient le site», a-t-il dit, accablant encore une fois la profession envahie, selon lui, par des «trabendistes». La question de carte professionnelle du journaliste, prévue dans la nouvelle loi, doit être résolue, selon lui, avant même l'élaboration du statut du journaliste. Interrogé sur l'organisation de la distribution et de la publicité, le ministre rappellera qu'un organisme de justification de la diffusion (OJD) est prévu dans la nouvelle loi sur l'information. «Par la suite, on passera à l'Office de vérification de la publicité», a-t-il poursuivi. Interrogé par le Temps d'Algérie, sur les missions de l'office, Nacer Mehal se contentera de dire que «c'est top tôt pour se prononcer à ce sujet». Sur la nouvelle grille des salaires «en voie de finalisation», promise pour janvier 2012, Mehal a évoqué «l'impossibilité' de demander aux titres privés de s'aligner sur la même grille, justifiant sa réponse par «la loi sur les relations de travail qui détermine la relation entre l'employeur et l'employé». Couverture des activités politiques : la télévision ne fait pas dans la discrimination Répondant à une question d'un député sur la couverture des activités des formations politiques par la Télévision et la Radio nationales, le ministre de la Communication a nié que ces dernières, comme l'affirment certains partis, font dans la «discrimination». Pour le ministre, il n'y a aucune loi ou instruction qui interdisaient l'accès aux médias lourds à quelque formation ou association légale que ce soit. La couverture des activités des partis obéit, selon lui, à deux principaux critères, à savoir, l'intensité des activités de ces partis et la structure du journal télévisé, basée sur le temps imparti à chaque sujet. «Il n'y a aucune autorité qui s'ingère d'une quelconque manière dans le traitement de l'information par la télévision», a-t-il dit, affirmant que la Télévision nationale «qui appartient à tous les algériens» couvre les activités des autres pour peu qu'«ils aient une existence légale et avertissent les services de la télévision suffisamment à temps». «Il n'y a aucune préférence dans le traitement de l'information de tous les jours» par la télévision «qui a une mission de service public», soutient-il, affirmant que cette même télévision «fait des efforts selon ses moyens» pour répondre au droit du citoyen à l'information conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi relative à l'information de1990. «Dans la mesure du possible, la Télévision nationale fait en sorte de ne rater aucun évènement», a-t-il dit, rappelant la nécessité de l'ouverture des médias audiovisuels au débat pluraliste. «Des mesures dans ce sens ont été prises», dit-il, citant de nouvelles émissions de débat politique à la Télévision nationale «où sont invités tous les courants de pensées». Il rappellera dans ce sens les instructions du président de la République qui ordonnent aux médias lourds d'assurer la couverture des activités de l'ensemble des partis et organisations nationales agréés et de leur ouvrir équitablement leurs canaux. «Nous sommes en train de travailler pour améliorer les choses à la télévision, pour répondre aux exigences de tous les citoyens algériens et nous mettrons les moyens, l'organisation qu'il faut et assurerons la formation adéquate pour atteindre les objectifs fixés», a conclu le ministre.