Le trafic de ciment ne connaît décidément pas de limites et touche directement à la vie des personnes. Une affaire de trafic dévoilée par la section de recherches du groupement de wilaya de la Gendarmerie nationale à Chlef renseigne sur les proportions prises par le phénomène. Il s'agit d'un trafic important autour du ciment. Les mis en cause ont imité, selon l'enquête, les marques de plusieurs producteurs nationaux de ciment et vendu leur marchandise de façon informelle, au mépris des normes de qualité. En effet, des tonnes de cette marchandise douteuse ont été vendues à des particuliers qui les ont utilisées dans la construction de nombreuses villas qui risquent aujourd'hui de s'effondrer sur leurs occupants. C'est la crainte exprimée par le capitaine chef de la section de recherches. Les enquêteurs de la section de recherches ont démantelé il y a quelques jours un important réseau de trafic de ciment, composé de huit personnes, a révélé le chef de la Section de recherches et d'intervention ( SRI) d'El Harchoun. Ce réseau est derrière le trafic de 60 tonnes de ciment, ajoute la même source. Les mis en cause ont imité des marques de cinq entreprises spécialisées dans la production de ciment, et, chose grave, ont écoulé des sacs contenant 43 kg au lieu de 50, ne respectant pas les normes indiquées par les experts. Les quantités de ciment ont été écoulées à des particuliers qui ont érigé des villas en utilisant cette matière imitée. Les enquêteurs de la section de recherches de Chlef se sont déplacés à Douéra, Staouéli et Bellouta, où ils ont confirmé le danger potentiel et les risques d'effondrement qui menacent plusieurs centaines de villas qui pourraient s'effondrer à tout moment, du fait de la mauvaise qualité du ciment. Les gendarmes indiquent que des bâtisses érigées dans les communes citées sont un danger pour leurs habitants. C'est ce qu'a soutenu le capitaine de la Section de recherches et d'intervention de la Gendarmerie nationale de Chlef, M. Youssef, se basant sur l'enquête sur ce qu'il a qualifié d'important réseau de trafic de ciment. Il a ajouté que ce ciment frelaté a été vendu à plusieurs centaines de particuliers venus de plusieurs villes algériennes, notamment d'Alger. L'enquête de la Gendarmerie nationale a relevé que le réseau a vendu plus de 60 tonnes de ce ciment. Cette quantité a été livrée par semi-remorques. Les membres du réseau, ajoute le capitaine de gendarmerie, ont recouru à une méthode très rentable consistant à imiter les marques de cinq sociétés de Aïn K'bira, Chlef, Sour El Ghozlane, Mascara et Meftah. Selon l'enquêteur, le réseau a utilisé le logo d'une entreprise de cimenterie de Chlef, «ECDT Chlef», au lieu du vrai nom, «ECDE Chlef». Un «empire» de fabrication de ciment L'enquête de la SRI de Chlef a révélé également que les mis en cause avaient utilisé d'autres fausses pistes pour tromper la vigilance des acheteurs et celle des gendarmes dans le but de vendre le maximum de ciment. «Tout a commencé le jour où on a réceptionné des informations sûres sur l'activité de ce réseau national». Il ajoute que «partant de ces informations, nous avons pu localiser six sacs avec de faux logos utilisés par la bande puis nous avons pu démanteler le réseau grâce à nos investigations». Le réseau de trafic disposait de trois dépôts de ciment. Mais le plus important lieu d'activité de cette bande était situé à Meftah où le réseau a bâti un véritable empire de fabrication de ciment, ressemblant à une usine en plein air bâtie dans une forêt loin des regards des forces de sécurité. Lors de leur assaut, après plusieurs mois d'enquête, les gendarmes ont découvert 2000 sacs vides prêts à être remplis, trois machines servant à la fabrication de ciment et une quantité de 200 quintaux de cette matière. En tout, 60 tonnes de ciment ont été saisies lors de cette affaire ainsi que deux camions utilisés par les trafiquants servant pour leur transport. L'enquête est en cours.