Les pilotes d'Air Algérie ont observé hier un arrêt de travail d'une demi-journée. «Il y a eu perturbation des vols depuis le début du service jusqu'à la fin de la matinée.» A travers cette action de protestation, les pilotes veulent exprimer leur ras-le-bol de la situation de précarité dans laquelle ils travaillent», a expliqué Karim Segouane, numéro deux du Syndicat des pilotes de ligne autonome (SPLA), initiateur de ce mouvement. Selon lui, la protestation a pour principale cause «la déconsidération du pilote» au sein du pavillon national. «L'image du pilote s'est dégradée ces derniers temps», a-t-il dit. Les jeunes pilotes se sont révoltés contre «les comportements voyous» observés à l'intérieur de la compagnie et même à l'extérieur. «Tout le monde veut se substituer au commandant de bord alors qu'il est le maître de la situation et c'est intolérable de recevoir des instructions d'une quelconque autre partie», a-t-il dit. Les protestataires veulent réhabiliter la place du pilote et mettre fin à l'ingérence extérieure dans les affaires intérieures de la compagnie. «Les pilotes veulent mettre fin aux graves pressions externes exercées sur le commandant de bord qu'on responsabilise sur tout et sur la moindre faute sans lui donner le respect qu'il mérite. Il est attaqué de par tout le monde. Il est contraint de subir la déstabilisation venant de l'intérieur et de l'extérieur de la compagnie alors qu'il a son mot à dire et qui doit être pris en compte et respecté par tout son entourage», a-t-il poursuivi. Ils dénoncent la maltraitance qu'ils subissent et réclament le respect et l'application de la réglementation. «On est arrivé à une situation où des gens se permettent de menacer le pilote de radiation de son poste car ils se croient influents. On a vu des gens se révolter contre un commandant de bord qui impose l'application pure et simple de la réglementation en vigueur. Ce sont des situations que nous ne pouvons plus accepter», dira M. Segouane. Pour lui, la situation s'est dégradée davantage depuis la grève observée par le personnel commercial navigant (PNC) en juillet dernier. Ils interpellent le ministre des Transports pour «protéger les pilotes et mettre fin à ses dépassements intolérables», dira M. Segouane. La question de la rémunération des pilotes est l'autre point qui a provoqué le mouvement de débrayage. Les pilotes réclament la promulgation de leur statut et la nouvelle grille des salaires décidée en leur faveur. Ils ont demandé l'application de la plateforme de revendications qu'ils ont présentées à la direction générale en février dernier. Les représentants du syndicat ont été reçus par Mohamed Salah Boultif, PDG de la compagnie. «Il a écouté nos doléances. Il a affirmé que les revendications socioprofessionnelles seront satisfaites au cours de ces prochains six mois et qu'il prendra des mesures pour les problèmes internes que nous avons évoqués», dira le syndicaliste. Le SPLA n'écarte pas le recours à d'autres débrayages si la situation ne s'améliore pas.