L'année 2012 est une année chargée et est considérée comme une année de consolidation de réformes politiques, économiques et sociales, une année électorale aussi débutant par les législatives puis les locales, ensuite une nouvelle Constitution. L'Algérie a choisi la voie des réformes eu égard aux perturbations dans les pays arabes. Il y a de quoi se poser des questions sur la garantie de ces réformes et la stabilité du pays. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères algérien invité hier de la chaîne III s'est prononcé sur cette question. «L'année 2012 sera une année phare du point de vue des mutations dans le cadre juridique dans lequel nous évoluons les uns et les autres et une année importante dans l'organisation des rapports des citoyens avec les autorités, qu'elles soient locales ou centrales», a indiqué le ministre. «Les réformes, ce n'est pas uniquement le changement du cadre juridique, c'est aussi un nombre de décisions prises par le gouvernent pour améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, l'accès au logement et la réduction du délai qui sépare la sortie de l'institut de formation à l'emploi. L'Algérie a recouvré sa stabilité et il faut que cette stabilité soit confortée par des décisions pour lui donner une assise plus large», a déclaré M Medelci. Il veut ainsi faire participer le citoyen et l'inciter à aller à l'urne car les élections n'ont de sens que s'il y a une forte participation. «L'évaluation de la situation n'est pas seulement le fait du gouvernement, ni de l'assemblée populaire nationale», selon lui. La nouvelle constitution a été annoncée en termes d'amendements par le président de la république et en termes de calendrier et fera l'objet d'un examen au premier semestre de cette année. Ce vaste chantier des réformes est qualifié par certaines parties internes comme externes comme vide et n'apportant aucun changement et sont uniquement dictées par la crainte d'un printemps arabe. «C'est souvent injuste comme propos et en prenant l'exemple de l'amendement de la constitution de 2008, c'est lui qui a ouvert la voie à la femme pour occuper des positions plus avancées au niveau des assemblées deux ans avant le printemps arabe et cela est vérifié pour d'autres textes», précise-t-il. Pour ce qui est de la transparence et des la neutralités de l'administration lors des élections législatives, la plupart des partis parlent déjà de fraude. A ce propos, le ministre dira que «la lutte contre la fraude est inscrite au fronton de l'Etat depuis toujours, et du point de vue de l'organisation des élections et du système de surveillance, l'Algérie est considérée dans les pays africains comme étant un pays très avancé (...) Il ne faut ni la sous-estimer ni la surestimer mais plutôt la gérer et cela en identifiant les poches de la fraude qu'il faudra maîtriser par une vigilance accrue». Donner plus de crédibilité et de crédit aux élections Pour ce faire, les PV de fin des opérations de vote seront communiqués à tous ceux qui représentent les partis et les candidats. La fraude n'est pas une fatalité mais il y a des précautions à prendre pour l'éviter. S'agissant du recours aux observateurs étrangers, le ministre explique que «pour être juste, il faut être plusieurs et en mesure de restituer la vérité telle qu'elle s'est déroulée et doit être appréciée par les Algériens et par les étrangers car cela donne plus de crédibilité et de crédit à l'opération». Dans un autre volet et concernant la mouvance et la tendance islamiques dans les pays du Maghreb compte tenu de la conjointure actuelle, le ministre ne se prononcera ni pour ni contre l'accès au pouvoir des islamistes. «L'islamisme politique n'est pas nouveau et c'est une donnée que nous connaissons bien, surtout dans notre pays», argua-t-il. L'Algérie a fait la «nécessaire synthèse» entre les différents courants politiques, qui s'acceptent et travaillent ensemble du moment qu'ils respectent les règles fondamentales de la république et l'accès au pouvoir sans violence. Pour ce qui est du parti dissous et qui menace de recourir à l'opinion internationale, M. Medelci insistera sur le fait qu'«on n'a aucune leçon à recevoir des autres». Par ailleurs et pour ce qui est des perturbations dans le Maghreb et en Syrie, le ministre s'est dit satisfait du cours actuel du changement. «La situation en Libye avance, les institutions ne sont pas complètement mises en place mais nous avons un gouvernement», qualifie le ministre. La Tunisie quant à elle est installée dans «un système d'institutions pérennes» ; forte de ces acquis démocratiques, elle donne l'exemple d'un pays qui réussit sa mutation, a analysé M. Medelci. Ces succès permettent selon lui d'envisager sous de bons augures la création d'une union des pays du Maghreb. Concernant le point épineux de la fermeture des frontières entre notre pays et le Maroc et la Libye, le ministre considère que ce n'est pas «une décision définitive» et qu'il s'agit d'une «question sécuritaire». En effet, la libre circulation des armes et de la drogue est dangereuse pour la stabilité du pays ; il rassure en disant que cette «situation est appelée à changer avec le dispositif sécuritaire renforcé». Pour ce qui est de la Syrie, l'heure est à la mutation et cela va sans dire. «Notre équipe d'observateurs va être renforcée et cela sera plus propice pour rendre compte de ce qui s'y passe réellement, tout en souhaitant que l'appel au cessez-le-feu lancé par le secrétaire général de la Ligue arabe soit respecté». Enfin, la renégociation des accords d'association et de partenariat avec l'Union européenne, notamment dans le domaine économique, est en cours et concerne le démantèlement tarifaire, le rétablissement des droits de douane et la préservation de l'accord de 1968.