Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a rappelé que le système politique algérien est un système ouvert qui exclut l'islam comme fonds de commerce électoral. Il admet que des partis proches qu'on peut appeler «un parti islamiste» soient actifs au niveau de l'Assemblée et que l'un d'entre eux, active même au niveau du gouvernement depuis douze ans». Il s'interroge sur ce que veut dire un «risque islamiste» en Algérie où a été faite la nécessaire synthèse entre les différents courants politiques qui doivent se retrouver et travailler ensemble sur la base de principes communs que sont, le respect des règles de la République et l'accès au pouvoir sans violence. Il fait remarquer qu'il ne voit pas pourquoi, alors que la quasi totalité des Algériens sont musulmans ayant les mêmes droits, un parti politique utilise l'islam comme argument électoral. Pour Mourad Medelci, un parti politique, c'est un programme pour répondre aux attentes de la population sur tous les plans. Il souligne que l'islamisme politique est une donnée que les Algériens connaissent. Le référendum sur la réconciliation nationale a tracé un certain nombre de lignes rouges que les lois algériennes y compris celles qui viennent d'être revues, respectent. Quant à la position de la «communauté internationale », elle ne peut pas ne pas tenir compte de l'histoire de la période douloureuse que l'Algérie a traversée et qu'elle a transcendée sans l'aide d'aucune partie, ni arabe, ni musulmane, ni occidentale, dit-il. L'Algérie n'a pas de leçons à recevoir, a-t-il conclu sur ce point. Pour M. Medelci, 2012 sera une année phare, avec la rénovation du cadre juridique et politique dans lequel évoluera l'Algérie dans le moyen terme. Il estime que l'Algérie a de nouveau recouvré sa stabilité qui reste à conforter avec la participation du citoyen en l'incitant à aller à l'urne, car, estime-t-il, les élections n'ont de sens que s'il y a une forte participation. Il confirme que la nouvelle Constitution sera examinée au cours du deuxième semestre 2012. Elle donnera lieu probablement à une révision des textes juridiques pour les rendre compatibles avec les aspects constitutionnels amendés. Le ministre a longuement évoqué la lutte contre la fraude électorale qui est «inscrite au fronton des priorités de l'Etat depuis de nombreuses années», souligne-t-il. Cependant, il admet qu'il y a une crainte de fraude, crainte qu'il ne faut pas sous-estimer mais plutôt gérer, ajoute-t-il. Il faut identifier les poches possibles de la fraude, dit-il, et les réduire. Les commissions électorales sont présidées ou exclusivement constituées de magistrats, rappelle-t-il. La présence d'observateurs étrangers lors des prochaines législatives donnera du crédit au système électoral, fait-il remarquer. Un mémorandum d'entente sera signé, annonce le ministre, avec l'Union européenne pour fixer les conditions dans lesquelles les observations seront faites. La même démarche, ajoute-t-il, sera effectuée avec les autres groupes d'observateurs (Union africaine, ONU, Ligue arabe et Organisation de la conférence islamique). Le ministre des Affaires étrangères a également abordé, dans cet entretien, les questions régionales. Il précise que la frontière avec la Libye n'est pas fermée, mais elle est mieux sécurisée. Concernant le processus de coopération entre les pays du Sahel pour contrer l'action terroriste, il doit être évalué, corrigé et renforcé. Avec les pays partenaires, la feuille de route établie avec les pays du Champ doit être transformée en programme opérationnel. La Tunisie est franchement installée dans un système basé sur des institutions pérennes, observe le ministre. La récente visite du président tunisien, Moncef Merzouki en Libye, est une occasion de relancer l'UMA, estime-t-il. Il annonce la tenue avant la fin février 2012, d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UMA au Maroc. La fermeture de la frontière avec le Maroc n'est pas définitive, dit-il. Le ministre a évoqué la situation en Syrie où, dit-il, l'appel au cessez-le-feu doit être respecté par toutes les parties. Il estime que le gouvernement syrien fait beaucoup d'efforts pour arriver à une solution qui ne peut venir que des Syriens eux-mêmes. Mourad Medelci a terminé son entretien sur la question concernant les négociations avec la France autour de l'Accord de 1968. Cet Accord doit être considéré comme un acquis, en outre les Algériens doivent bénéficier des droits nouveaux inscrits dans le droit commun.