L'ouverture du ciel algérien pour permettre son exploitation par plusieurs compagnies aériennes est une option qui va ruiner Air Algérie. Son P-dg Mohamed Boultif l'affirmé hier sans ambages ni faux-fuyants. «Je le dis et je le répète, Air Algérie n'est prête à affronter une ouverture complète du ciel», a-t-il indiqué lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III. En d'autres termes, Air Algérie ne dispose pas des capacités nécessaires pour faire face à la concurrence des autres compagnies de transport aérien et son premier responsable le reconnaît. Il a soutenu que l'ouverture du ciel algérien désigné en termes d'open sky par les professionnels de l'aviation pourrait, selon lui, s'avérer très pénalisant pour Air Algérie. Il a souhaité que si cette ouverture se fait à l'avenir, il faudra la limiter uniquement aux compagnies régulières et exclure de cette procédure les autres sociétés aériennes dites «low cost», qui pratiquant les tarifications les plus réduites. Pour autant, le P-dg d'Air Algérie admet que la politique de l'open sky a des atouts bénéfiques s'articulant en termes de création de nouveaux postes d'emploi, de la possibilité pour les usagers d'opter pour une compagnie de leur choix tout comme cette politique serait à même de mieux stimuler le personnel d'Air Algérie pour qu'il soit plus concurrentiel. Toutefois, dans l'état actuel des choses, la compagnie nationale n'est pas encore préparée à faire face à l'open sky, a encore insisté M. Boultif, précisant que ce qui est le plus à redouter dans cette démarche n'est autre que l'introduction des compagnies pratiquant de bas prix.
Une situation financière précaire En parlant de l'état actuel des choses, le premier responsable d'Air Algérie a soutenu que la situation qui prévaut présentement au sein de cette compagnie n'est guère reluisante, notamment en termes de consolidation de ses parts de marché et même s'agissant de sa santé financière qualifiée «de précaire». L'invité de la radio a parlé «d'érosion des parts de marché» de la compagnie qu'il dirige. Air Algérie a beaucoup perdu de ses parts, notamment dans les réseaux essentiels tels que celui de la France, de la Méditerranée et du Moyen-Orient, et ce, en raison de la concurrence constatée dans l'exploitation de ces liaisons aériennes, laquelle concurrence se faisait sentir de manière très forte depuis le retour des compagnies étrangères. S'agissant de la situation financière, M. Boultif a indiqué que celle-ci est actuellement «plus au moins équilibrée», insistant sur le fait qu'Air Algérie n'enregistre pas, pour l'heure, de déficit. Il n'empêche que la santé financière de cette compagnie s'est quelque peu détériorée comparativement à l'exercice 2009 où son chiffre d'affaires était de 58 milliards de dinars et même par rapport à 2010 (55 milliards DA). Preuve en est, n'était la subvention de l'Etat, la compagnie Air Algérie ferait face, d'ores et déjà, à un déficit de l'ordre de 4 milliards de dinars sur l'exploitation de son réseau de lignes intérieures. Dans ses récentes déclarations publiques, le P-dg d'Air Algérie avait notamment soutenu que si durant les 5 dernières années, les produits de cette compagnie ont augmenté de 25%, ses charges ont, en parallèle, connu une hausse de 31%. Durant la même période, les résultats d'exploitation de cette entreprise aérienne ont aussi baissé de 71%, selon le même responsable. Pour redresser la barre et engranger dans l'immédiat plus de recettes financières, il est impératif pour Air Algérie «de consolider les parts de marché dont elle dispose actuellement et tenter de récupérer le plus possible de ce qu'elle a perdu dans ce domaine», a soutenu M. Boultif qui préconise en outre le redéploiement de la compagnie sur d'autres marchés porteurs tels que l'exploitation des liaisons menant vers des pays africains.