La tension est toujours de mise à Laghouat. Des centaines de citoyens ont marché hier vers le siège de la wilaya, a-t-on appris auprès du responsable local de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, Yacine Zaïd. Malgré les promesses des autorités locales, les manifestants montent au créneau et exigent le départ du wali. Juste après la prière de vendredi, des citoyens, qui exigent désormais le départ «sans conditions» du wali de Laghouat, premier responsable, selon eux de la « crise » à l'origine de la colère et du climat de tension qui règnent dans la ville, ont tenté de marcher « pacifiquement », de la place dite de la Grande-Poste vers le siège de la wilaya, mais ont été « encerclés », selon notre source, par un impressionnant dispositif de sécurité. Scindés en deux groupes, les marcheurs ont tenté de « bousculer » le dispositif « et d'autres affrontements entre les deux parties ont eu lieu », constate notre interlocuteur, présent sur les lieux. «Il y a eu de nouveaux affrontements et les policiers ont usé de bombes lacrymogène », affirme notre interlocuteur. Les « troubles » que connaît cette ville du Sud depuis le début de l'année ont pour origine, rappelle-on, une distribution «douteuse» de 98 logements sociaux, selon les citoyens, et où «25 membres d'une même famille, originaire d'une autre région» sont bénéficiaires au détriment des vrais nécessiteux. Après plusieurs affrontements violents entre force de l'ordre et citoyens, qui se sont soldés par l'arrestation d'une trentaine de jeunes, relâchés dans la soirée de mardi, et plusieurs blessés, les autorités locales, le wali en tête, ont promis de « geler » momentanément la liste des bénéficiaires jusqu'à ce que les résultats d'une enquête à cet effet soient connus. Et ce gel « momentané » n'est pas fait pour arranger les choses. «Nous voulons l'annulation de la liste », scandaient hier les manifestants, selon Yacine Zaïd. Ces derniers, affirme-t-il, maintiennent leur exigence du départ du wali. «Et les slogans contre lui ne manquent pas », précise-t-il. Aussi, notre interlocuteur a tenu à préciser que des slogans contre la « division » ont été brandis. Certaines gens «qui veulent semer la zizanie » commençaient à accuser les manifestants de « régionalistes », apprend-on. Ces derniers brandissaient, hier, des pancartes avec des slogans comme, « Umma wahida, chaab wahed » (une seule nation, un seul peuple) pour démentir ces accusations. A l'heure où nous mettions sous presse, la tension restait vive à Laghouat. De nouveaux affrontements ne sont pas à écarter. D'où l'urgence de la prise en charge de l'ensemble des revendications des citoyens.