Au lendemain de la perte par la France de sa notation triple A, le socialiste François Hollande en a fait porter samedi la responsabilité au président Nicolas Sarkozy, dont selon lui "la politique a été dégradée", à 100 jours de l'élection présidentielle. "C'est une politique qui a été dégradée, pas la France", a affirmé samedi François Hollande, qualifiant la dégradation de la note financière de "grave" et mettant en cause les manques "de cohérence, de constance, de clairvoyance et surtout de résultats" du président sortant. "Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C'est ainsi qu'avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue", a-t-il jugé. Muet vendredi, François Hollande a choisi de s'exprimer samedi de manière solennelle, depuis son QG de campagne à Paris, et il a affirmé que son programme pour 2012 permettra de "mettre la France sur le chemin du redressement dans la justice et par la croissance". Le Premier ministre François Fillon lui a répondu peu après en jugeant qu'il avait "particulièrement tort de prétendre que c'est notre politique qui est sanctionnée". Pour lui, si la dégradation de la note de la France était une décision "attendue", elle intervient à "contre-temps au regard des efforts engagés par la zone euro". "Cette décision constitue une alerte qui ne doit pas être dramatisée, pas plus qu'elle ne doit être sous-estimée", a souligné le Premier ministre, répétant que "les agences de notation sont des baromètres utiles mais ce ne sont pas elles qui font la politique de la France". Interrogé sur l'avenir de la relation entre la France et l'Allemagne, qui a conservé sa note triple A, François Fillon a assuré qu'il n'y avait "aucune raison" pour que les relations "changent". "Le sort de la France et de l'Allemagne sont des sorts qui sont complètement liés", a-t-il assuré. Standard & Poor's a dégradé vendredi d'un cran la note de la dette française, de AAA à AA+. L'agence a en outre prévenu qu'il y a encore "au moins une chance sur trois" qu'une nouvelle dégradation de la note française puisse intervenir en 2012 ou 2013, notamment "si ses finances publiques devaient dévier du chemin tracé en matière de consolidation budgétaire". Le ministre des Finances François Baroin a assuré vendredi soir qu'il n'y aurait "pas de nouveau plan de rigueur (en France) car ce n'est pas une question de rigueur budgétaire". Outre la France, S&P a abaissé la note de huit autres pays de la zone euro. Parmi eux, l'Espagne et l'Italie sont dégradées de deux crans. S&P a en outre placé tous les Etats de la zone euro sous perspective négative, à l'exception de la Slovaquie et l'Allemagne. Dès vendredi soir, la gauche et l'extrême droite ont fustigé l'"échec de la politique de Sarkozy". La candidate du Front national (extrême droite), Marine Le Pen, a prononcé la "fin du mythe du président protecteur" et le centriste François Bayrou, selon qui "le statut" de la France en Europe va en "souffrir politiquement", le "signe des années d'échec et de dérive". Dans la presse, les éditorialistes soulignent samedi que si "le coup est rude", au premier chef pour Nicolas Sarkozy, le "séisme" ébranle tous les prétendants à l'Elysée. Nicolas Sarkozy, qui doit officialiser sa candidature à un second mandat fin février/début mars, ne part pas favori pour ce scrutin prévu les 22 avril et 6 mai, même si l'écart se resserre avec François Hollande dans les derniers sondages. "Nicolas Sarkozy, à peine convalescent dans les sondages, se retrouve à nouveau affaibli", mais "François Hollande doit lui aussi réviser son programme, s'il veut rester crédible", selon le quotidien régional Midi libre.