Un haut responsable chinois qui s'est bâti une réputation d'incorruptible et de héros de la lutte contre la mafia a été placé en congé maladie pour "surmenage", ont annoncé mercredi les autorités de la municipalité de Chongqing (centre). "En raison de sa très importante charge de travail, de son niveau élevé de stress et de sa grande fatigue physique, le vice-maire Wang Lijun a été autorisé à bénéficier d'un congé de repos", a annoncé dans un communiqué le gouvernement local. Le "surmenage" a par le passé servi d'argument au pouvoir communiste pour effectuer des purges dans l'appareil du parti et l'internet bruissait de théories sur les raisons de l'éviction de M. Wang. Les recherches contenant son nom étaient censurées sur le web. Selon certaines sources, il aurait cherché à fuir la Chine en déposant une demande d'asile au consulat des Etats-Unis à Chengdu, la capitale de la province du Sichuan mitoyenne de Chongqing. Wang Lijun, un quinquagénaire qui dirigeait la police de Chongqing jusqu'à la semaine dernière, s'est fait connaître grâce au combat sans relâche qu'il a mené il y a deux ans contre les triades de Chongqing. Cette vaste opération mains propres a bénéficié au maire de la ville, l'ancien ministre du Commerce Bo Xilai, à qui certains observateurs prêtent des ambitions au niveau national à l'occasion de l'accession d'une nouvelle génération de dirigeants à l'automne prochain. En plus de sa campagne contre le crime organisé, Bo Xilai cherche à propager à Chongqing les thèmes nationalistes de la période maoïste en revisitant la grandeur révolutionnaire chinoise, notamment grâce à la promotion poussée de la "culture rouge". En visant Wang Lijun c'est peut-être Bo Xilai que l'on cherche à atteindre, estimaient des internautes.