C'est par voie de décret présidentiel, paraphé dans la matinée d'hier, que le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a procédé à la convocation du corps électoral pour le prochain scrutin. Le recours au décret présidentiel s'inscrit en vertu des dispositions de l'article 25 de la loi organique relative au régime électoral, est-il expliqué dans un communiqué rendu public par la présidence de la République. La convocation du corps électoral fait suite au discours télévisé prononcé jeudi par Bouteflika, dans lequel il a traité exclusivement du prochain rendez-vous des urnes dont il a fixé la tenue pour le 10 mai 2012. En sus de l'engagement réitéré par Bouteflika pour ne lésiner sur aucun effort pour garantir la crédibilité du prochain scrutin, à travers le rappel de la batterie de mesures mises en place pour assurer la transparence de cette opération, quatre points essentiels sont à retenir de son discours retransmis via les médias lourds (télévisions et radios nationales). Il est d'abord question de cette sollicitation solennelle à l'adresse des partis politiques auxquels le chef de l'Etat recommande une mise au point de programmes électoraux «viables et sérieux». Pour beaucoup d'observateurs, le président de la République a dit tout haut ce que la société algérienne pense tout bas. Nombreux sont les Algériens et mêmes les politologues qui se joindraient volontiers à l'idée selon laquelle le seul et unique intérêt gagé par la majorité des partis politiques se limite à assurer la présence de leur représentant au sein du Parlement, sans procéder à l'établissement d'un programme électoral des plus attrayants pour bénéficier de la caution des électeurs. Et pour cause, il suffit de dire que depuis le discours prononcé en avril dernier par le président de la République, dans lequel il avait amorcé la dynamique des réformes politiques avec, en toile de fond, la tenue cette année d'une élection législative, l'on assiste à une effervescence en terme de reconfiguration de l'échiquier politique national, caractérisé par la création de nouveaux partis. Néanmoins, l'on constate que les partis dont certains chefs de file ont déjà investi le terrain pour une campagne électorale avant l'heure, manquent cruellement de programme d'action. C'est pourquoi le président de la République a martelé dans son discours que «le rôle incontournable des partis consiste à mettre au point des programmes viables et sérieux à même de répondre concrètement aux préoccupations des citoyens, à trier et désigner des candidats et candidates capables d'assumer pleinement le mandat parlementaire». A ce propos, le FLN dont le programme électoral en prévision du scrutin est encore ignoré, à l'instar de la majorité des autres formations, a fait savoir hier par la voix de son chargé de communication Kassa Aïssi que «les standards de sélection des candidats sont très élevés».
Syndicats et société civile invités à mobiliser les électeurs Le deuxième point qu'il faudrait retenir du discours du chef de l'Etat a trait à la mobilisation des électeurs algériens qui, selon le président de la République, ne devrait pas être uniquement l'apanage des partis politiques plus ou moins défaillants dans ce domaine, mais également l'affaire des syndicats et de la société civile. «J'attends des partis politiques, des syndicats et des organisations de la société civile qu'ils œuvrent ensemble à mobiliser les électeurs et les électrices», a-t-il noté dans son discours. En sus des partis politiques, cette implication des syndicats et la panoplie des associations dans la mobilisation des électeurs en prévision des prochaines élections attestent d'une profonde appréhension par rapport au risque d'une abstention massive. Le chargé de communication du FLN approuve à juste titre ce raisonnement, lui, qui soutient que l'implication des syndicats et de la société civile dans la mobilisation des électeurs obéit à la logique de «contrecarrer le risque de l'abstention». Dans son du discours de jeudi dernier, Bouteflika à lui-même appelé les Algériens a une participation massive lors des prochaines législatives. «Nous attendons des électeurs et électrices qu'ils se mobilisent pour exprimer, librement et souverainement, leurs suffrages et traduire la volonté du peuple», a-t-il déclaré.
Mise en garde contre l'utilisations des moyens de l'Etat L'interdiction de l'utilisation des moyens de l'Etat au service de la campagne électorale est le troisième point qui ressort du discours du chef de l'Etat. Ce dernier a, en effet, souligné que «tout responsable, membre du gouvernement, haut fonctionnaire ou cadre dirigeant d'entreprise publique qui se porterait candidat aux prochaines législatives doit s'abstenir de toute utilisation des moyens de l'Etat pour sa campagne électorale et s'interdire toute visite de travail dans la wilaya où il se présente». Par une telle interdiction, formulée on ne peut plus clairement, le président de la République aspire à conférer à la campagne électorale pour les législatives de mai 2012 un aspect complètement différent de celles qui l'ont précédé. En de pareilles conjonctures, des partis en lice pour une élection étaient habituées à l'utilisation des slogans de l'Etat au profit de leur campagne. Même des ministres de la République n'hésitaient pas à mettre les moyens publics et les privilèges de leur poste au profit de leurs chapelles politiques. De tels procédés ne seront pas reconduits en prévision de prochaines législatives, assure le chef de l'Etat, en mettant l'accent sur «l'impartialité totale» des instituions administratives du pays et de tout ce qui concerne les élections.