Un haut responsable du Hamas, Mahmoud Zahar, a critiqué l'accord conclu entre son mouvement et son rival du Fatah en le qualifiant d'«erreur» ayant provoqué une crise au sein de sa formation, dans une interview publiée hier par l'agence officielle égyptienne Mena. Le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, et le leader du Hamas Khaled Mechaal ont signé le 6 février un accord à Doha (Qatar), qui prévoit de confier à M. Abbas la direction d'un gouvernement transitoire d'indépendants chargé d'organiser des élections, afin de mettre un terme à des mois de discussions stériles sur le choix du Premier ministre. La décision de confier les rênes du gouvernement au président «est une erreur», a estimé M. Zahar. «Personne au sein du Hamas n'a été consulté», a-t-il dit, en ajoutant qu'«en pratique», l'accord «ne pouvait être appliqué». «Si les consultations ont eu lieu parmi le petit cercle autour du bureau politique (dirigé par M. Mechaal), alors c'est inacceptable», a-t-il poursuivi. L'accord «doit être revu, les dirigeants du Hamas à l'intérieur et à l'étranger vont donc se réunir sur cette question dans les deux prochains jours», a-t-il ajouté. Après une série de discussions entre des responsables du Hamas et des députés, «nous avons découvert que beaucoup sentaient qu'il y avait une vraie crise». Les divisions entre M. Mechaal, chef en exil du Hamas, et les dirigeants de son mouvement à Ghaza pèsent et risquent de provoquer une grave crise. Selon certaines sources, Khaled Mechaal «aurait été soudoyé par le Qatar qui lui a offert des millions de dollars afin d'accepter de signer l'accord à Doha avec son rival du Fatah». Samedi, le chef du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh, a affirmé que son mouvement «ne reconnaîtra jamais Israël», dans un discours à Téhéran à l'occasion de la célébration du 33e anniversaire de la Révolution islamique de 1979. La télévision qatarie Al Jazeera avait critiqué d'ailleurs le déplacement de Ismaïl Haniyeh à Téhéran. Ce dernier persiste et signe : «La lutte (des Palestiniens) continuera jusqu'à la libération de la totalité de la terre de Palestine et de Jérusalem, et le retour de tous les réfugiés palestiniens.» L'Iran qui ne reconnaît pas Israël soutient le Hamas et tous les groupes palestiniens luttant contre l'Etat sioniste. La position du chef du gouvernement de Hamas contredit complètement celle de Khaled Mechaal, qui s'est prononcé récemment en faveur de «la résistance populaire pacifique» et «renonce à la lutte armée». Il s'est dit également favorable à l'établissement d'un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967, soit la Cisjordanie, la bande de Ghaza et Jérusalem-Est pour capitale. Ces prises de position ont suscité des critiques parmi les dirigeants du Hamas à Ghaza estimant qu'ils n'ont pas été consultés à ce sujet.