Douze hauts cadres de sociétés satellites relevant de la SNTF sont impliqués dans un scandale dont le préjudice s'élève à plusieurs milliers de milliards cumulés durant la période allant de 2003 à 2009. Les 12 cadres, dont plusieurs directeurs généraux, sont poursuivis pour dilapidation de deniers publics, faux et usage de faux, falsification de documents officiels et malversation dans des marchés douteux. Au terme d'une longue enquête diligentée par les services de sécurité durant 2010 et suite à une enquête ouverte sur décision du juge d'instruction près le tribunal de Rouiba, 3 directeurs généraux et directeurs de département production et travaux publics d'Infrafer (société de production d'équipements ferroviaires), d'Ansrif et autres sociétés, de même qu'un consultant d'une entreprise turque (Aska), dont le siège est à Istanbul, ont été placés sous mandat de dépôt par le même juge d'instruction près le tribunal de Rouiba. 7 autres hauts cadres, dont le directeur du département ferroviaire d'Infrafer, le gérant de la Sotratib, le responsable d'études de la SNTF ainsi que d'autres responsables exerçant au sein d'autres entreprises, ont été placés sous contrôle judiciaire par le même magistrat. Ils comparaîtront devant les magistrats de la cour criminelle de Boumerdès sous les chefs d'inculpation de dilapidation de deniers public, falsification de documents officiels, faux et usage de faux et malversation dans des marchés douteux dont le préjudice, indique notre source, «s'élèverait à plusieurs milliers de milliards de centimes découlant des multiples artifices employés dans le cadre des marchés cédés dans des conditions douteuses, à des entreprises algériennes et étrangères». Plusieurs responsables de sociétés algériennes de même que les dirigeants d'une entreprise turque et une entreprise française sont impliqués dans cette affaire dont les faits se sont déroulés durant la période allant de l'année 2003 à 2009. C'est à l'issue d'une longue et fastidieuse enquête, d'investigations et d'intenses recherches opérées par les services de sécurité que le pot-aux-roses a été découvert. Selon une source très proche du dossier, «le préjudice généré par les multiples formes de malversations sanctionnées dans le dossier et opérées par les 12 inculpés ne seraient que la partie visible de l'iceberg», ajoutant à ce titre «qu'il n'est pas écarté que le juge d'instruction demande un complément d'informations». Des marchés juteux Les inculpés dans cette scabreuse affaire se seraient rendus coupables de violations des règles relatives au code des marchés en ayant recours à des passe-droits et autres magouilles moyennant des sommes faramineuses soustraites au travers de falsifications et non-respect des normes d'éligibilité au marché. Pour exemple, indique notre source, «il est indiqué que parmi ces marchés, figure celui relatif à l'achat d'un groupe électrogène auprès de la Sarl Remelec pour un montant de 8,8862 milliards de centimes et que ce dernier ait été payé avant livraison. Pire encore, avant la signature des contrats». Notre source cite «le marché relatif à l'acquisition de 15 semi-remorques et pelles mécaniques destinés à l'extraction d'agrégats dans la carrière de Hammamet (Tébessa) dont a bénéficié l'entreprise OBI. Bien que celle-ci ne réponde pas aux critères d'éligibilité pouvant lui permette d'acquérir des marchés, cette entreprise a bénéficié d'un marché dont le montant avoisine les 5,5 milliards de centimes alors que, réellement, celui-ci revenait légalement à une entreprise française (Metso Minerals) qui avait soumissionné pour un montant de 3,3 milliards de centimes», finissant par expliquer que «les auteurs de ces malversations faisaient main basse sur la différence entre les deux montants». Selon la même source, «la société turque Aska, qui avait versé dans la falsification de ses documents, a bénéficié d'un marché très coûteux et dont le cahier des charges portait sur la réalisation d'un tronçon de chemin de fer reliant Yellel-Relizane-Oued Sla (Chlef)». Dans ce dossier, élaboré par la chambre d'accusation et comportant pas moins de 27 pages, les expertises effectuées à la demande de la justice font état d'environ une quinzaine de marchés très coûteux et entachés d'irrégularités. Plus d'une dizaine de sociétés, notamment de sous-traitance, y sont également portées. Voilà, dans tous les cas, un nouveau scandale qui ne manquera pas d'entacher l'image de marque de cette entreprise étatique. Cette affaire sera examinée par les magistrats de la cour criminelle de Boumerdès.