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«La participation du FFS aux législatives est de nature à rassurer les inconditionnels de ce parti et à encourager beaucoup d'électeurs à voter» Cherif Dris, maître de conférences à l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger :
Cherif Dris, maître de conférences à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJI), issu de l'Institut des sciences politiques et relations internationales d'Alger, donne son point de vue sur les derniers développements de la vie politique algérienne. Il s'exprime, dans cet entretien, aussi bien sur la naissance de nouvelles formations politiques que sur les enjeux de la participation du FFS aux prochaines élections législatives prévues le 10 mai prochain. Le Temps d'Algérie : Quel sera l'impact, selon vous, de la participation du Front des forces socialistes (FFS) aux prochaines élections législatives ? Cherif Dris : Le Front des forces socialistes ne s'est pas encore prononcé sur sa participation ou non aux prochaines élections législatives. Dans l'hypothèse où ce parti participera à ces élections, plusieurs scénarios sont à envisager. En premier lieu, une telle participation donnerait plus de crédibilité à la démarche initiée par le régime, en ce sens qu'une participation d'un parti reconnu pour son opposition au pouvoir est de nature à crédibiliser les prochaines élections, cela d'autant plus que le RCD a annoncé sa décision de boycotter ces élections. En second lieu, une participation du FFS à ces élections est de nature à rassurer les inconditionnels de ce parti et par extension encourager beaucoup d'électeurs à prendre part à ces élections. En troisième lieu, et c'est le risque qu'une telle participation charrie, si le FFS n'arriverait pas à obtenir un nombre de sièges assez confortables pouvant lui permettre de peser sur l'action législative, cela risquerait de se retourner contre lui. Et considérant la configuration politique actuelle, il est difficile pour un parti qui est resté en dehors des joutes électorales pendant plus de dix ans de s'affirmer face à des partis (ceux de l'alliance présidentielle, j'entends) qui meublent le paysage politique depuis maintenant quinze ans et qui mobilisent des moyens considérables (argent, administration, ressources symboliques, etc.). Par voie de conséquence, l'aile réfractaire à toute idée de participation à ces élections sortira grandie et le risque d'affaiblissement du parti n'est pas à écarter. En somme, le FFS se trouve devant un dilemme (la participation ou le boycott). Ce qui explique la difficulté que rencontrent les instances dirigeantes de ce parti à trancher sur cette question de participation. De nouveaux partis politiques se sont constitués, ces derniers jours, dont l'Union pour la démocratie et la République, présidée par l'ex-ministre de la Santé publique et ex-député du RCD, Amara Benyounès. Quelle analyse faites-vous de l'émergence de cette nouvelle formation politique en Algérie ? L'émergence de nouvelles formations politiques est une bonne chose pour la pratique politique en Algérie. Cependant, la question qui se pose est la suivante : ces partis auront-ils les moyens de s'imposer dans un ordre politique où les contours et les règles sont faits de telle façon à favoriser une catégorie de partis ? Qu'il s'agisse de l'UDR de Amara Benyounès ou d'un autre parti, le problème n'est pas tant le nombre de partis qui sera agréé mais bien plutôt la quintessence de la pratique politique. La multiplication de formations politiques est-elle de nature à faire sortir l'Algérie de l'autoritarisme dans lequel elle est enfermée depuis l'Indépendance ? On se retrouve plus dans un modèle d'autoritarisme électoral qu'autre chose. Comment expliquez-vous la décision du boycott des prochaines élections législatives prise par le Rassemblement pour la culture et la démocratie ? Il faut savoir de prime abord, que le boycott est un acte politique en lui-même. Quant à la décision de ce parti de ne pas prendre part aux prochaines élections législatives, force est d'admettre qu'elle était prévisible. Il semblerait que ce parti soit arrivé aux conclusions suivantes : d'une part, l'incapacité de rivaliser avec d'autres formations qui occupent le terrain depuis une décennie et demie. Même dans le cas d'élections transparentes, il est difficile d'imaginer qu'un parti comme le RCD, ou un autre parti, puisse s'imposer face à des formations (FLN, RND et MSP) mobilisant des ressources considérables. D'autre part, en boycottant ces élections, le RCD voudrait sans doute envoyer un message aux instances dirigeantes du pays selon lequel le parti n'entend pas cautionner les réformes initiées par le président de la République. De nouvelles figures du courant islamiste émergent sur la scène politique nationale, à savoir Abdelmadjid Menasra et Abdellah Djaballah, qui sont à la tête de deux nouvelles formations politiques. Quelle est votre analyse de ces deux partis et estimez-vous qu'ils seront en mesure de créer une alliance islamiste pour remporter le maximum de sièges lors de la prochaine élection législative ? Aussi bien le parti de Abdelmadjid Menasra que celui de Abdallah Djaballah, ils sont l'émanation de dissensions au sein du MSP et d'Ennahda. Considérant ce fait, il ne faut pas s'attendre à une rupture radicale, du moins d'un point de vue doctrinaire, par rapport au MSP et aux autres partis comme Ennahda et le MRN. Etant des partis d'obédience islamiste, ces deux partis ne pourront pas faire autrement que d'adopter les mêmes principes adoptés par les autres formations du même courant. En revanche, l'émergence de ces deux partis va, vraisemblablement, alimenter la concurrence au sein du courant islamiste. Une rivalité sur le leadership parmi les dirigeants des différentes formations islamistes n'est pas exclure. Aussi, une alliance islamiste dans la perspective des prochaines élections législatives me paraît peu probable. Entretien réalisé par Farouk Belhabib