Recrue surprise de l'AC Milan au poste d'arrière gauche en janvier, Djamel Mesbah (27 ans) enchaîne les bonnes productions avec le club rossenero depuis son départ de Lecce. Avant un match capital de série A face à la Juventus, l'international algérien s'est confié à France Football. France Football : Djamel, votre coéquipier en sélection, Rafik Saïfi, tenait à vous poser cette question : «Qu'est-ce que cela fait d'être dans un club comme l'AC Milan ?» Djamel Mesbah : Tu t'imagines plein de choses, mais c'est encore plus impressionnant quand tu y joues. Tu es tous les jours au taquet. A chaque fois que tu rentres à Milanello, tu sens que tu es ici pour la gagne. Il faut vivre ça pour y croire. Même un petit match de cinq minutes à la fin de l'entraînement, tu dois le gagner. Et puis, il y a ici du respect pour tout le monde, du cuisinier jusqu'à l'entraîneur. Un vrai esprit de famille ! Imaginiez-vous rejoindre un tel club à 27 ans ? Non, pas du tout. Si on m'avait dit ça il y a deux ou trois mois quand je jouais à Lecce, je n'y aurais pas cru. Je pensais être un joueur pour un club de moitié de tableau. Même plus jeune, je n'y ai jamais songé. J'ai commencé ma carrière en Suisse, j'ai dû faire face à pas mal de difficultés, des blessures... ça n'a pas toujours été simple mais je n'ai rien lâché, je suis quelqu'un qui persévère, qui va au bout. Mais très honnêtement, je ne pensais pas pouvoir décrocher un contrat avec un tel club. Qu'est-ce qui a séduit le club lombard ? Je ne sais pas et je ne veux même pas le savoir. Je suis très content de l'intégration. Mais le plus dur reste à faire. Dans ces grands clubs, ça va très vite d'un côté comme de l'autre. Pour moi, ce n'est pas une finalité d'être là. Il faut que je sois au niveau. Je vais tout faire pour être à la hauteur de ce club. On est là pour gagner des titres et je me donnerai à 120% ! Pourquoi Lorient ne vous a-t-il pas gardé en 2006 ? Gourcuff me voulait mais je me suis blessé. On a donc décidé fin août que je rentrais à Bâle pour me soigner. Mais entre nous, je ne regrette pas cette expérience de Lorient et d'avoir connu Gourcuff, son 4-4-2 m'aurait été sans doute très bénéfique sur le long terme. Quand on voit votre dernier match contre Cesena dimanche dernier, on se dit que la Ligue 1 a laissé filer un très bon défenseur... C'est grâce à tout le travail fourni à Lecce, j'ai beaucoup progressé durant ces deux ans et demi passés là-bas. Et puis je bosse tous les jours très durement pour être au top. Ce n'est qu'un début. Vous savez, je garde les pieds sur terre. Pour l'instant, l'expérience est concluante... Sur le terrain, c'est facile de jouer avec de tels champions. La présence de Philippe (Mexes) m'a aussi beaucoup rassuré. De le savoir à côté de moi, dans l'axe à gauche, c'est rassurant. C'est pour moi l'un des tous meilleurs défenseurs en Europe et c'est donc très facile de jouer avec lui. A votre poste, il y a de la concurrence avec Zambrotta, Antonini et Bonera ? Comme dans tous les grands clubs. Il faut bosser dur tous les jours, faire des extras et être aussi à l'écoute. A Milan, on a Mauro Tassoti, l'un des tous les meilleurs arrières du monde à son époque, qui distille de précieux conseils. Vous êtes obligé de progresser. Contrairement à Taye Taïwo, vous aviez l'avantage de parler déjà la langue et, par conséquent, vous assimilez plus facilement les consignes tactiques de Massimo Allegri... C'est clair ! Parler la langue, c'est toujours très important où que tu joues. Mais quand je suis arrivé en Italie, je ne parlais pas non plus l'italien et les débuts ont été difficiles. Mais je suis un gars qui écoute, qui comprend vite et qui bosse. Mon secret ? Je suis un bosseur tout simplement. En fait, je ne me pose pas trop de questions et j'avance. Entre la victoire flamboyante (4-0) contre Arsenal en Ligue de champions puis les soixante premières minutes livrées à Cesena (3-1) en championnat, on se demande qui peut arrêter l'AC Milan ? Ce qui est surprenant, c'est qu'on comptait douze joueurs blessés ou non disponibles dimanche. En fait, on est vingt-cinq ou trente dans l'effectif prêts à défendre les couleurs du club. C'est très positif. Si Milan retrouve tous ses joueurs en pleine forme, personne ne peut l'arrêter en Italie. Concernant la Ligue des champions, la prestation de mes copains face à Arsenal laisse supposer le meilleur, qu'on peut aller aussi au bout dans cette compétition. Quant tu t'appelles Milan de toute manière, l'objectif est de tout gagner. Le match de samedi contre la Juventus s'annonce capital pour le titre de champion. Dans quel état d'esprit êtes-vous à la veille de cette affiche ? Le match contre Cesena était très important, il fallait le gagner. L'entraîneur y tenait. Ce sera un match très tactique, mais aussi agressif avec beaucoup de duels. A mon avis, les quinze premières minutes seront déterminantes. Je m'attends à une très grosse partie, à un vrai choc. La Juventus a retrouvé son aura avec un entraîneur qui a su partager sa grinta. Je l'ai bien vu la dernière fois en Coupe, les Turinois se donnent toujours à fond. Mais de toute façon, le Milan doit toujours rester le numéro 1 en Italie !