L'alliance MSP-Nahda-Islah est-elle en mesure de canaliser ou plutôt de capitaliser l'électorat islamiste toujours enclin à voter massivement pour un projet caressé depuis des lustres, à l'heure où des guerres de leadership se déroulent ? Pas si sûr si l'on se fie d'abord aux «visées» des uns et des autres, et si l'on prend en compte la morphologie de l'islamisme politique algérien. Eventée par le néo-chef de file d'El Islah, Hamlaoui Akkouchi, l'annonce unilatérale de l'alliance islamiste, décidée il est vrai «secrètement» par les exécutifs des 3 formations susmentionnées, a mis les autres alliés de circonstance hors d'eux. Le MSP dont les rangs ont rétréci ces derniers temps comme peau de chagrin avec la profusion d'autres formations islamistes plus radicales a finalement décidé de dire oui, en essayant de poser ses propres conditions qui lui vont le mieux dans la perspective de chapeauter l'alliance et faire passer ces candidats en tête, alors que le conseil consultatif d'Ennahda (2 sièges seulement au Parlement) a justifié son adhésion par la «paternité» de l'idée. Les portes de cette alliance demeurent ouvertes et c'est la même «idée» qui pourra faire changer de fusil d'épaule le Front du changement de Abdelmadjid Menasra qui, faut-il le rappeler, ne fait pas encore partie du premier lot de formations agréées par le ministère de l'Intérieur. Abdelmadjid Menasra, qui a qualifié il y a peu l'alliance des islamistes d'«utopie», risque, intentions électoralistes obligent, de se rétracter. «La décision sera prise demain (aujourd'hui ndlr) lors de la réunion de l'exécutif du parti», a-t-il simplement déclaré hier au Temps d'Algérie, précisant que «l'Alliance, si elle devait avoir lieu, doit se faire autour des idées et des programmes». «Nous allons rendre publique notre décision avant la fin de la semaine», a-t-il précisé, alors qu'il avait carrément rejeté auparavant l'idée de s'associer avec les partis qui siègent au gouvernement, allusion faite au MSP. Par contre, pour Abdallah Djaballah, injoignable hier, et dont le parti est désormais agréé, il semble que la problématique réside ailleurs. Convaincu de la victoire de sa formation politique aux législatives prochaines, il s'est dit «lassé» par les tentatives d'union de la mouvance islamiste effectuées par ses soins. Mais le leader du FJD «évincé» par deux fois des formations politiques qu'il a fondées (Islah, Nahda avec lesquelles il est aujourd'hui appelé à s'unir et présenter des listes communes) a une idée en tête. «Nous sommes prêts en revanche à nous unir avec toutes les formations politiques pour la surveillance du scrutin», a-t-il dit, divulguant ainsi une partie de sa stratégie. Une fois les élections tenues dans de meilleures conditions, les vrais alliés devront, pour Djaballah qui n'a jamais caché ses intentions, être «choisis» en fonction de leurs résultats aux législatives. Djaballah lui-même a avoué l'impossibilité d'une alliance forte en déclarant : «toutes mes tentatives (une trentaine) depuis le début de mon parcours politique en 1976 pour rassembler les islamistes se sont soldées par un échec. Cela m'a fait perdre tout espoir». La réalité est connue de tous. L'électorat islamiste pèse entre 30 et 40%, mais l'abstention peut jouer en faveur des islamistes. C'est ce qui fait courir ces partis dans tous les sens.