Le Front des forces socialistes (FFS) participera finalement aux élections législatives du 10 mai prochain. Après avoir entretenu le suspense tout au long des deux dernières semaines, le parti a annoncé officiellement hier sa décision à l'issue du conseil national extraordinaire tenu au siège du parti à Alger. «Le FFS a décidé de participer aux prochaines élections législatives», a déclaré le premier secrétaire du parti, Ali Laskri, aux journalistes en marge de la session extraordinaire de son conseil national. Une décision qui s'est avérée «laborieuse», compte tenu des oppositions au sein du parti à cette option. C'est encore Aït Ahmed, le président du parti – qui avait, rappelle-t-on, estimé dans le message adressé le 17 février dernier aux participants à la convention nationale que le boycott des législatives «ne constitue pas une alternative efficace à la participation» – qui «tranche», considérant dans son message d'hier au conseil national que «la participation à ces élections est une nécessité tactique pour le FFS qui s'inscrit en droite ligne de notre stratégie de construction pacifique de l'alternative démocratique à ce régime despotique, destructeur et corrompu». Un régime que le leader du plus vieux parti d'opposition ne manquera pas d'égratigner dans le même message et qu'il rend responsable de tous les maux et qualifie de dictatorial. «Et si la voie pacifique a échoué à libérer l'Algérie de la colonisation française pour laisser la place à la lutte armée, la voie de la violence a échoué à libérer l'Algérie de la dictature, du sous-développement et des menaces extérieures et doit laisser place à la lutte politique au sens le plus sérieux du terme», a-t-il constaté. Pour toutes ces raisons, ajoute encore Aït Ahmed, «notre cheminement va continuer à diverger avec celui du pouvoir dans ses deux déclinaisons : celle qui s'exprime à l'intérieur du cadre institutionnel et celle qui attaque ce cadre sitôt qu'elle en est exclue». Pour Aït Ahmed, «demander aux Algériens d'aller voter pour sauver le pays des périls sans rien changer de sa démarche est une des inconséquences habituelles de ce pouvoir. Car, avant toute autre, c'est sa démarche qui est en cause». La démarche du FFS consiste donc à s'appuyer «sur chaque militant et chaque militante pour gagner la bataille de la remobilisation politique». «C'est en toute sérénité que le parti doit aborder cette étape de son parcours, et dans le respect de tous ceux qui, hors du parti, défendront de manière respectable d'autres visions que la nôtre, mais il est exclu que quiconque nous donne des leçons», a martelé Aït Ahmed. Même s'il considère, s'adressant aux militants du FFS, que «nombre d'entre vous craignent la puissante attractivité de la mangeoire du régime», cette frange de militants, il «la comprend», et partage «ses soucis», Aït Ahmed, dont l'opinion concernant cette élection «est faite depuis un certain temps», tient à rassurer : «Nous pouvons, nous devons et nous allons nous donner les moyens de contrôle de notre participation. Cette participation a tiré les enseignements de nos lacunes de 1997 et nous allons tout mettre en œuvre pour les combler», a-t-il dit, tout en expliquant la décision de son parti de participer aux législatives du 10 mai prochain, après avoir boycotté les deux dernières législatives de 2002 et de 2007 : «D'abord parce que notre but ne réside pas dans un quota de sièges à atteindre. Notre but est dans la remobilisation politique et pacifique de notre parti et de notre peuple. C'est là l'essentiel de notre décision. Remettre du mouvement dans le statu quo». Le premier secrétaire national Ali Laskri donnera certainement plus de détails sur ce choix «important» à l'occasion du point de presse qu'il anime aujourd'hui.