Il veut se distinguer des partis qui militent «pour le seul objectif de s'assurer un espace à l'intérieur du pouvoir». Le Front des forces socialistes boycottera les élections législatives. La décision prise, au terme d'un long débat ayant eu lieu ce jeudi, lors de la réunion extraordinaire de son conseil national, a été saluée par le président du parti, M.Hocine Aït Ahmed. Hier, le premier secrétaire national du parti a tenu, de prime abord, à préciser que cette décision n'est pas motivée par «la bataille politico-judiciaire» que mène le ministère de l'Intérieur contre des partis de l'opposition. «On ne peut qu'être étonnés et ahuris devant ces feuilletons politico-judiciaires, mais l'on affirme que la décision du FFS est souveraine et libre», a fait savoir M.Ali Laskri dans la conférence de presse organisée, hier, au siège du parti. Plus incisif, M.Karim Tabou, secrétaire national chargé de la communication, a déclaré que le parti n'agira pas dans la précipitation, et qu'il va prendre le temps qu'il faut pour organiser ses 4es assises. «Nous n'allons pas tenir un congrès administratif sous injonction pour participer aux législatives, quelles que soient les difficultés». Le FFS, souligne-t-il, compte faire de ce rendez-vous un «grand évènement politique». En dépit de cette assurance «apparente», les états-majors du FFS auront à passer à la vitesse supérieure durant les prochains mois. Et pour cause, le plus vieux parti de l'opposition qui tourne le dos au Parlement, ne cache pas l'intérêt qu'il porte aux instances locales (APC et APW). Apostrophé sur les locales du mois de septembre, Tabou, sans ambages, confirme l'option de la participation. «Les collectivités locales sont le meilleur moyen qui permet aux partis d'être aux cotés des citoyens. Le FFS préfère cette proximité. C'est notre véritable Parlement». L'enjeu, donc, est de taille, et risque d'être compromis si le parti ne tient pas son congrès avant le mois de septembre. Concernant les législatives, M.Ali Laskri a reconnu qu'un débat contradictoire a eu lieu au sein du parti. L'option du boycott l'a emporté sur celle de la participation. Le FFS veut se distinguer de cette classe politique qui milite «pour le seul objectif de s'assurer un espace à l'intérieur du pouvoir». Quels sont les risques de cette option? Le FFS ne s'exclut-il pas, de son plein gré, des débats politiques en boycottant les législatives? La résolution du conseil national répond à ces deux problématiques. «Il faut faire preuve, lit-on dans ce document, d'une profonde naïveté politique pour croire à l'existence d'un Parlement algérien, ou encore à la capacité d'intervention de l'APN dans la vie nationale.» Le FFS qui conteste la «légitimité» du Parlement prochain, qui, selon lui, consacrera encore une fois la «politique du quota», le verrouillage politique et la fraude, se montre sceptique quant à une possibilité de changement par les élections. «Il n'y a pas de démocratie en Algérie même s'il y a des élections», atteste Tabou qui qualifie l'APN de chambre d'enregistrement, affaiblie par «le recours abusif aux ordonnances présidentielles.» Aït Ahmed saisit cette énième opportunité pour confirmer ses distances avec le pouvoir.«Notre éthique politique, nous contraint à un devoir de dignité, à un devoir de préservation de notre capital de sérieux, de crédibilité...», a-t-il soutenu dans son message lu hier. Alors que «le rouleau compresseur» de la normalisation et de la domestication est mis en branle, les militants du FFS, «ont tenu à confronter leurs opinions dans un débat apaisé, rigoureux et libre». Cela prouve, selon le leader du FFS, que sa formation a gagné en maturité. Le FFS compte mener une campagne de boycott afin de convaincre les Algériens de ne pas prendre part à «cette mascarade électorale». Pour certains observateurs, le choix de la direction du FFS risque d'exacerber la crise interne au sein du parti.