Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a critiqué mercredi le président syrien Bachar al-Assad pour les "gros retards" à appliquer des réformes afin de tenter de mettre fin au conflit dans ce pays allié de Moscou. Le régime du président Assad a "introduit de bonnes réformes qui renouvellent le système et l'ouvrent au pluralisme, mais cela est fait avec un gros retard", a déclaré M. Lavrov lors d'une séance de questions-réponses à la chambre basse du Parlement (Douma). "Malheureusement, tous nos conseils, et de loin, n'ont pas été suivis d'effet, et n'ont pas toujours été mis en pratique en temps voulu, loin de là", a-t-il ajouté. "La proposition d'entamer un dialogue (national en Syrie, ndlr) intervient également avec retard. Entre-temps, la résistance armée gagne du terrain et cette inertie peut finir par engloutir tout le monde", a-t-il mis en garde. "Notre objectif, c'est d'arriver à la paix en Syrie, de sauver des vies, d'éviter une explosion interconfessionnelle dans la région du Proche-Orient", a souligné M. Lavrov. Des pays occidentaux ont appelé la Russie à user de son influence pour tenter de persuader le régime de Bachar al-Assad de mettre fin à la répression qui a fait plus de 8.500 morts depuis un an, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) M. Lavrov a insisté sur le fait que la Russie faisait tout ce qu'elle pouvait pour tenter de résoudre le conflit et que Moscou avait une capacité d'influence sur le régime d'Assad. "La partie dans le conflit sur laquelle nous avons de l'influence est le gouvernement de Bachar al-Assad", a-t-il dit. Le ministre a également observé que Moscou ne défendait "pas le régime" syrien de Bachar al-Assad "mais la justice". "C'est au peuple de décider qui doit être au pouvoir en Syrie. Nous ne défendons pas le régime mais la justice, le droit souverain des Syriens à faire eux-mêmes un choix de manière démocratique", a déclaré M. Lavrov. "Nous sommes pour un cessez-le-feu immédiat et coordonné par toutes les parties sous un contrôle international impartial", a-t-il ajouté M. Lavrov. Il a également indiqué que les armes vendues par la Russie à la Syrie n'étaient pas utilisées contre les civils. Allié de la Syrie depuis la période soviétique, la Russie continue de lui vendre des armes en dépit des protestations de certains pays occidentaux. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a déjà bloqué deux résolutions des Occidentaux condamnant la répression du régime de Bachar al-Assad. Moscou a rejeté la semaine dernière un nouveau texte américain au Conseil de sécurité exigeant du régime l'arrêt "immédiat" des violences et appelant l'opposition à "s'abstenir de toute violence" au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution.