La Tunisie accueillera vendredi une «conférence des amis du peuple syrien», une proposition de Paris et Washington, à laquelle participeront des diplomates arabes et occidentaux. La Russie a annoncé hier qu'elle boycotterait la conférence internationale à Tunis vendredi sur la crise en Syrie, montrant ainsi qu'elle n'était pas prête à lâcher Damas après avoir déjà bloqué deux résolutions de l'ONU condamnant la répression du régime de Bachar Al Assad. «Nous n'avons été informés ni de ses participants, ni de son ordre du jour», a souligné le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, dans un communiqué. «Mais le plus important, c'est que l'objectif réel de cette initiative n'est pas clair (...). Compte tenu de ces circonstances, nous ne voyons pas de possibilité de participer à la conférence de Tunis», a-t-il ajouté. La Tunisie accueille vendredi une «conférence des amis du peuple syrien», une proposition de Paris et Washington, à laquelle participeront des diplomates arabes et occidentaux, ainsi que le Conseil national syrien, principale instance de l'opposition syrienne, et d'autres groupes d'opposition. L'objectif est de faire cesser les violences qui ont fait selon les Nations unies plus de 6000 morts en Syrie depuis le début en mars 2011 du mouvement de contestation «réprimé par le régime de Bachar Al Assad» selon la version occidentale. Mais aux yeux de l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, la «conférence des amis du peuple syrien» vise à orchestrer «une attaque frontale contre le régime d'Assad». «Si ce scénario se produit, cela ne fera qu'aggraver le carnage, la guerre civile, et entraîner une possible désagrégation de la Syrie avec de graves conséquences régionales à la fois pour l'Irak et le Liban (frontaliers, ndlr), et peut-être même en dehors de la région», a déclaré M.Tchourkine à la télévision russe. Pour l'expert Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue «la Russie dans la politique mondiale», l'Occident «craint de plus en plus que le départ d'Assad puisse entraîner le chaos» en Syrie. La Russie a «l'impression qu'il s'agit de former une coalition internationale (...), afin de soutenir une partie d'un conflit intérieur contre l'autre», a renchéri M.Loukachevitch. Ainsi le porte-parole de la diplomatie russe a déploré que «des représentants du gouvernement syrien n'ont pas été invités». «Il est peu probable que cette conférence puisse aider à commencer un dialogue national syrien visant à trouver des solutions pour surmonter la crise intérieure», a-t-il encore dit. Avant même la création du groupe des «amis du peuple syrien», la Russie avait estimé qu'une telle structure serait illégitime au regard de la législation internationale. L'Occident accuse la Russie de fermer les yeux sur les «atrocités» commises par le régime de Bachar Al Assad, après que Moscou et son allié chinois aient bloqué à deux reprises des résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant Damas. La Chine ne s'est quant à elle pas prononcée sur son éventuelle participation à la conférence de Tunis. Depuis le début de la crise, la Russie, alliée de longue date de la Syrie à laquelle elle vend des armes, n'a eu de cesse d'apporter son soutien au régime de Bachar Al Assad, tout en appelant à faire cesser les violences d'où qu'elles viennent. Selon M.Loukianov, «la Russie va garder ses distances jusqu'au bout, en soulignant que tout doit être décidé au Conseil de sécurité de l'ONU (où elle dispose d'un droit de veto) et qu'il faut prendre en compte à la fois le point de vue de l'opposition et celui d'Assad». Ce que réfute Moscou en fait est que l'Occident ne prend en compte qu'un point de vue, celui de l'opposition soutenue (sans doute armée (cf; l'ALS, Armée libre de Syrie) par ce même Occident, ignorant totalement la position défendue par l'autre partie, le gouvernement syrien.