Sérieusement laminé à la veille des législatives par des démissions en bloc en raison entre autres d'exigences financières à coups de millions imposées par Moussa Touati aux candidats, une confirmation on ne peut mieux des dissidences qui couvaient depuis des lustres au sein du FNA dont sont issues aujourd'hui d'autres formations politiques à l'instar du parti El Karama qui a opté pour le comédien Abdelkader Secteur, placé tête de liste pour la communauté nationale à l'étranger, le secteur «mobilisateur» du Front national algérien semble «débranché», révolu. De plus belle, la comédie qui prête réellement à rire, continue. Mais l'inamovible président du FNA, Moussa Touati, ne l'entend pas de cette oreille. «Nous demeurons la première force politique du pays. Si les législatives se déroulent en toute transparence, nous les remporterons. Nous sommes présents dans les 52 circonscriptions (Algérie et étranger, ndlr)», a dit hier le patron du FNA sans sourciller lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. «Ceux qui ont démissionné du FNA sont au nombre de 300», a-t-il tenu à préciser ; «c'est pour cette simple raison qu'ils ne figurent pas sur les listes électorales», soutient-il, se targuant de compter parmi les rangs du FNA pas moins de 340 000 adhérents. «Cette situation ne nous inquiète nullement», ajoute encore Moussa Touati pour qui «l'opération du choix des candidats par la base à travers des assemblées générales de wilaya est une première dans le pays, un gage de démocratie». «Nous avons jusque-là tenu 13 assemblées et nous aurons bouclé l'opération le 20 mars», a-t-il précisé, affirmant toutefois que la commission nationale du parti chargée d'étudier les listes électorales n'aura tout compte fait qu'«un droit de regard». Quid alors de l'exigence ou plutôt de l'instruction donnée aux candidats de verser entre 100 et 500 millions de centimes pour figurer sur les listes électorales avancée par ces détracteurs démissionnaires ? Pour Moussa Touati, l'explication est somme toute «banale». «Du moment que l'Etat, en témoignent les déclarations du ministre de l'Intérieur, a décidé de ne plus financer les campagnes, il fallait qu'on prenne nos dispositions pour prendre en charge notre campagne qui sera cette fois-ci nationale et portera sur l'ensemble des listes. Nous avons demandé à nos frères désireux de se porter candidats de mettre la main à la poche», expliquera Moussa Touati sans la moindre gêne. Et d'énumérer les sommes que devra payer chaque liste en fonction du nombre de sièges à pourvoir pour chaque circonscription. Cela ne favorisera-t-il pas les affairistes ? Ne portera-t-il pas atteinte à la crédibilité du parti qui serait ainsi vidé de ses vrais militants qui se verront écartés de la course ? «Non», répond Moussa Touati en développant un argumentaire pour le moins «apolitique». «Ils devront militer davantage pour y parvenir et s'ils n'ont pas d'argent, qu'il empruntent et ils le rembourseront quand ils seront élus» . Le summum du ridicule pour cet homme qui n'a pas encore tranché sur sa propre candidature et qui a décidé de faire «pas une campagne personnelle» mais une campagne pour «son» parti. Pour la campagne proprement dite, elle sera donc «nationale», à travers 3 rencontres régionales qui ciblent 150 000 militants, 5 millions de dépliants à faire parvenir aux citoyens par le biais des boîtes aux lettres ou à l'occasion de rencontres de proximité, et entre 5 et 20 000 posters. Le FNA ne va plus recourir à la location de salles, car selon Touati, c'est nuisible pour le parti. A quoi serviront alors les «milliards» engrangés par la «voracité» des candidatures ?