Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a répliqué de façon virulente aux déclarations de Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), qui avait dit que «la culture n'est pas importante. C'est du "chtih et rdih" (de la danse, ndlr) et celui qui veut la faire n'a qu'à mettre son propre argent». «Ce courant politique, représenté par ce monsieur, a une vision de la culture absolument catastrophique et méprisante pour l'avenir du pays. C'est une vision qui veut rabaisser la culture», a estimé hier Khalida Toumi lors de son passage à l'émission 100 % politique de Radio Algérie Internationale. Selon elle, «l'Etat, à travers des budgets qu'il consacre au secteur, doit permettre l'accès à un seuil minimum de culture à tous les citoyens». «La République et la démocratie exigent que l'Etat s'engage avec des budgets pour donner l'accès à la culture et aux droits de création à ses citoyens sans que ces derniers soient obligés de payer 20 000 dinars dans une soirée», a-t-elle encore ajouté. Pour elle, «l'Etat doit investir, car les inégalités en termes d'accès à la culture et la création sont irréparables» et que «la priorité est donnée à la réhabilitation de l'identité nationale, malmenée et détruite par le colonialisme, ainsi qu'à la mémoire matérielle et immatérielle de notre pays». Elle n'exclut pas le rôle du secteur privé, appelé à s'impliquer davantage dans l'organisation des activités culturelles. Dans le même contexte, la ministre a dit que le devenir de la culture fait partie des «questions et décisions lourdes» qu'il faut trancher à la faveur de la prochaine révision constitutionnelle. Pour Khalida Toumi, «ces choix lourds doivent s'inscrire dans la Constitution. On doit écrire que les droits culturels sont constitutionnels, c'est-à-dire que le peuple algérien a droit à la culture et que l'Etat doit investir pour ce droit comme il le fait pour le pain et le lait», a-t-elle précisé. «Je ne suis pas candidate aux législatives» La ministre de la Culture a appelé les Algériens à voter massivement le 10 mai en choisissant les partis qui «respectent la culture, les libertés de création, d'expression, les droits fondamentaux et qui veulent bâtir un système démocratique et donne à la femme son statut de citoyenne à part entière». «Danser fait partie des expressions de l'être humain qu'on doit garantir faute de quoi nous sommes liberticides», a-t-elle tenu à souligner. «J'appelle les électeurs à voter contre ces gens-là (les islamistes, ndlr).» «Ne laissons pas les autres décider de l'avenir de nos enfants. Nous devons aller voter pour dire : voilà la Constitution que nous voulons. Je m'adresse aux femmes et aux hommes de culture qui étaient la première cible des intégristes», a soutenu Khalida Toumi qui a démenti par ailleurs sa participation aux élections législatives au sein du Mouvement populaire algérien (MPA) d'Amara Benyounès. «Non, je ne suis pas candidate», a-t-elle affirmé. «Mais, je reste militante citoyenne pour que les Algériens ne laissent personne décider à leur place et laisser mourir l'Algérie républicaine.» A propos de la participation de la femme à l'APN à travers l'application du quota de 30% sur chaque liste, Khalida Toumi a indiqué que cela constitue une «avancée, mais reste insuffisant par rapport à son engagement et aux sacrifices qu'elle a consentis».