Le putsch militaire perpétré mercredi dernier à Bamako, par le biais duquel Amadou Toumani Touré, le président malien, a été renversé et contraint par la force à céder son pouvoir, a été le thème de la rencontre-débat animée hier au Centre de recherches stratégiques et sécuritaires (CRSS). Le sujet étant d'une actualité brûlante, la rencontre présidée par M'hand Bekouk, le directeur du CRSS, a vu la présence de politologues, d'un nombre de responsables militaires à la retraite en plus de nombreux journalistes. Des interventions des uns et des autres, il ressort que la thèse d'une France impliquée dans les derniers rebondissements survenus au Mali était une opinion affirmée et réaffirmée avec force parmi l'assistance. «Rien ne peut se produire au Mali sans l'aval de Paris», s'accordaient à dire les participants. Certains parmi eux affirment douter sérieusement de la bonne foi de certaines dénonciations internationales ayant condamné «la mutinerie militaire» au Mali, en faisant clairement allusion à celles exprimées par les autorités françaises. Ces dénonciations, indique-t-on, ne reflètent pas forcément la réalité politique entretenue non seulement vis-à-vis du Mali, mais aussi de toute la région du Sahel. Evoquant la rébellion des Touareg contre le régime malien, des participants ont aussi rappelé que la France a déjà consenti des financements au profit de cette communauté, rappelant entre autres que la société française Areva a déjà financé une rencontre de la communauté des Touareg qui s'est tenue, il y a quelques années, en France. Les responsables à la tête de ce pays tentent aussi de s'ingérer dans les efforts visant la sécurité du Sahel jusque-là entreprise par les pays du champ. «Paris souhaite à tout prix intégrer le Maroc qui n'est que son supplétif dans la gestion du Sahel», a-t-on souligné parmi l'assistance qui évoque aussi l'accord signé, la fin du mois écoulé, entre la France et la Libye portant sur la sécurisation des frontières libyennes. S'agissant de la communauté des Touareg, Mme Amirat, veuve du défunt Slimane Amirat, a tenu à rappeler, quant à elle, l'intérêt qu'ont toujours affiché les responsables français pour les membres de cette communauté. Un intérêt qui remonte, d'après elle, loin dans le temps.
L'Algérie appelée à renforcer ses frontières sud L'Algérie partage un tracé frontalier de 1676 km avec le Mali et le coup d'Etat militaire survenu au moment même où le conflit armé entre le régime malien et les Touareg du MNLA bat son plein, ne peut qu'engendrer des conséquences négatives pour l'Algérie. C'est pourquoi les intervenants ont tenu à mettre en exergue la nécessité pour l'Algérie de procéder dans l'immédiat au renforcement de ses frontières avec le Mali. Dans le même ordre d'idées, M'hand Berkouk, pour qui la menace qui pèse actuellement sur l'Algérie est essentiellement exogène, a souligné, quant à lui, l'utilité pour l'Algérie «de se doter d'une zone d'influence dans le sud, même au-delà de ses frontières». La mise en place de «cette zone d'influence» répond au besoin d'un élargissement «de notre sécurité nationale sans pour autant élargir les frontières algériennes», a argué le président du CRSS. Il est également nécessaire, indique-t-on, d'avoir sous contrôle permanent les réfugiés maliens, au nombre de 30 000, et qui se trouvent actuellement dans le Sud algérien, et ce dans l'objectif de parer à toute infiltration de la part des activistes terroristes au sein de cette population.